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L’Aitec, avec ses partenaires européens, publie son rapport "Le nouvel accaparement des ressources : Comment la politique commerciale de l’Union européenne sur les matières premières sape le développement"

Publié par Collectif d’organisations, le 2 février 2011.

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Plus les ressources naturelles du monde s’épuisent, plus les multinationales - avec la complicité des gouvernements européens- s’ingénient à sécuriser leur accès à ces ressources, indispensables à la poursuite de notre modèle de développement. La guerre stratégique s’intensifie à l’échelle mondiale pour se partager entre puissants les ressources disponibles, que l’on trouve principalement dans les pays dits en développement (PED), afin de maintenir voire de faire croître nos rythmes de production et de consommation.
Acculée par un modèle économique basé sur la surexploitation des ressources naturelles, l’Union européenne s’est comme les autres lancée dans la bataille : Loin de tirer les leçons de décennies de politiques néolibérales ayant forgé un modèle non soutenable et injuste de développement au Nord comme au Sud, elle franchit une étape supplémentaire avec la Raw Material Initiative (RMI), sa nouvelle stratégie commerciale sur les matières premières, avec dans le rétroviseur les pays émergents dont elle craint qu’ils ne viennent la perturber dans cette entreprise.

Malgré le démenti apporté par la crise ouverte à la logique du néo-libéralisme et en contradiction avec les avertissements mis en avant par les négociations sur le climat et les impasses écologiques, l’Union européenne persiste sur la même voie du néo-libéralisme. Les conséquences désastreuses en termes de destruction de l’environnement, d’obstacles à la lutte contre la pauvreté et pour le travail décent (les industries extractives en sont un exemple particulièrement significatif) ou encore de capture du politique par les multinationales, sont passées sous silence dans une vision courte-termiste où c’est le maintien d’une compétitivité censément source de croissance et de bien-être collectif qui l’emporte dans la pensée dominante.

Avec ce rapport, l’Aitec et ses partenaires européens apportent des éléments d’analyse démontrant que la mise en œuvre d’une telle politique aggravera encore le bilan déjà lourd des politiques commerciales menées par l’Union européenne en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Résumé du Rapport

L’Union européenne (UE) mène actuellement une politique offensive pour assurer l’accès des entreprises et investisseurs européens aux matières premières dans les pays dits en développement (PED).
Un des piliers de cette politique est l’Initiative sur les Matières Premières (Raw Materials Initiative) adoptée en 2008 et actuellement en cours de révision. L’objectif de cette stratégie est de garantir aux entreprises européennes un accès sans précédent aux ressources naturelles ayant une importance capitale pour la compétitivité de l’économie européenne dans les années à venir.
Un autre élément important de cette politique est la négociation d’Accords de libre-échange (ALE) et de partenariat économique (APE) avec différents groupes de pays en développement. Ces accords exigent de ces pays la suppression des barrières douanières à l’importation mais également à l’exportation, ainsi que la mise en place de nouvelles règles pour les investissements. Ces politiques de l’UE sont largement influencées par les grandes entreprises européennes qui cherchent à s’assurer un accès élargi et bon marché aux matières premières de la planète.

L’objectif de ce rapport est de montrer l’impact négatif majeur de ces politiques commerciales sur les économies des PED. Cet impact s’aggravera si les propositions actuelles de l’UE sont mises en œuvre. En particulier, la capacité d’action des pays du Sud à promouvoir leurs propres politiques de développement sera restreinte. Par ailleurs, de telles politiques ne vont faire qu’aggraver les dommages environnementaux et les violations aux droits humains dont sont responsables les entreprises européennes.

Finalement, la stratégie de l’UE s’apparente aux politiques traditionnelles d’accaparement des matières premières par l’UE, un nouvel épisode d’appropriation des ressources africaines par les puissances européennes. Cette stratégie aura pour conséquence d’emprisonner encore un peu plus les pays en développement dans le cercle vicieux de la pauvreté.

Ce rapport analyse plus spécifiquement deux pans de la politique commerciale et d’investissement de l’UE :

  • Les pressions de l’UE pour obtenir l’accord des pays en développement sur l’interdiction ou la limitation de l’usage des restrictions à l’exportation, notamment des taxes à l’exportation, que de nombreux PED prélèvent sur leurs exportations de matières premières afin de soutenir leur industrie locale, accroître leurs revenus pour financer les infrastructures et services publics et protéger l’environnement.
  • La négociation par l’UE de nouvelles règles pour les investissements qui garantiraient aux entreprises européennes un accès sans précédent aux matières premières des PED aux mêmes conditions, voire à des conditions plus avantageuses, que celles valables pour les entreprises locales. Par cette Initiative, l’UE va restreindre encore plus la capacité des gouvernements de ces pays à réguler les conditions de ces investissements en faveur d’un développement local.

A travers ce rapport, il apparaît clairement que les politiques commerciales sur les matières premières menées par l’UE ne sont qu’une manière de se détourner des vrais objectifs : Réduire sa propre surconsommation de matières premières et contribuer à la mise en place d’un système mondial plus équitable qui garantisse une gestion et une utilisation durables et justes – c’est-à-dire équitablement réparties à l’échelle mondiale - des ressources naturelles de la planète.

Documents à télécharger

  Rapport "Le nouvel accaparement des ressources : Comment la politique commerciale de l’Union européenne sur les matières premières sape le développement"


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