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Les expériences d’alternatives : auto-construction, auto-réhabilitation, organisation des habitants

Publié par , le 9 mars 2007.





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 Paul Trigalet

La troisième table-ronde a traité des expériences alternatives d’autoconstruction, d’autoréabilitation et de l’organisation des habitants. Les témoignages d’expériences sur le sujet ont été extrêmement nombreux et en provenance de tous les pays représentés dans l’atelier. Un promoteur a conçu un type de logement adapté à la grande précarité l’urgence. Il tente de développer son projet tant en France qu’en Belgique et en Allemagne. Deux expériences ont été voué à l’échec à cause d’arrêtés municipaux pour illégalité. La construction se réalise grâce à des sacs agricoles remplis de terre et en utilisant d’autres matériaux et procédés écologiques qui seraient. Une feuille explicative est à disposition, ainsi qu’un livre de François Tanguet Vers un gîte écologique [éditions La montagne].

Un militant du sud de la France, nous a parlé d’une sorte de tipi, monté en cinq minute à partir d’un poteau central et de deux parachutes superposés que l’on peut récupérer dans des stocks de l’armée. C’est particulièrement intéressant pour réagir en cas d’expulsion, nous dit-il.

D’Italie nous sont proposées quatre types d’expériences misent en œuvre par l’Unione Inquilini. La première expérience s’adresse à des personnes qui n’attendent plus rien de la ville et vont à la campagne rénover des villages abandonnés en réutilisant les matériaux et les techniques des lieux. C’est un projet d’économie d’échange et d’autofinancement, peu adapté pour les centres urbains. D’autres parts, dans plusieurs villes d’Italie, des familles auto-rénovent des bâtiments inoccupés en interpellant les pouvoirs locaux. Il ne sont pas copropriétaires mais coopérateurs. Ce sont soit des Italiens, soit des émigrants totalement acteurs de leurs projets, comme dans le cas de la Coopérative Coralli, qui a réalisé un premier quartier avec des logements, des ateliers et un centre social à Padoue. À Bologne, des Italiens rénovent aussi eux-mêmes des immeubles abandonnés en cherchant des accords avec la municipalité. Eux non plus ne deviennent pas propriétaires individuels mais accèdent à un logement à un coût abordable.

À Grenoble et à Dunkerque, des locataires d’HLM cette fois-ci, qui sont en difficultés de paiement de leurs loyers, s’inspirent de l’expérience du Brésil, qui touche là-bas trois à quatre milles personnes. Les Brésiliens occupent illégalement des terrains et y construisent leurs logements. Ils entrent en conflit avec la mairie, mais après négociations, ils créent des mini-quartiers qu’ils équipent d’écoles, de crèches, etc. Ce travail s’effectue au départ sans qualification professionnelle, mais permet à certains acteurs d’en acquérir. C’est donc de cette expérience que s’inspire un groupe de Grenoble, qui après avoir connu des difficultés, reçoit aujourd’hui un accueil favorable des responsables politiques locaux. Eux ont choisit de travailler d’abord avec les habitants. Ils passent maintenant à une deuxième étape et recherchent un terrain et un financement. Par contre, il y a une expérience parallèle à Dunkerque où ils ont d’abord essayés de motiver les autorités pour passer ensuite vers une étape orienté d’avantage vers les habitants.

Autre expérience : un militant du DAL de Bayonne, dont le revenu est seulement assuré par le RMI, explique comment il a réussit à accéder à la propriété en ayant obtenu un prêt malgré la faiblesse de ses revenus. Ce prêt lui a permis d’accéder une maison abandonnée. Au Pays Basque s’est formé un groupement financier agricole mutuel qui a lancé des souscriptions d’une valeur de 360 FF, grâce à quoi ce groupement rachète des fermes pour les mettre à disposition de jeunes agriculteurs, selon la formule de location-vente. Ils utilisent internet pour diffuser leurs initiatives.

Enfin en Belgique, notre association a créé une autre structure qui permet à des sans-abri et à des expulsés de rénover eux-mêmes des logements abandonnés. Nous voulons cette association comme une alternative et comme une forme d’interpellation des pouvoirs publics qui déclarent qu’il leur est guère possible d’appliquer une loi, qui comme en France leur donne le pouvoir de réquisitionner des logements abandonnés au bénéfice des sans-abri. Vous pouvez trouver un dépliant pour tous ceux qui voudrait en savoir d’avantage. Enfin, un groupe va se rendre au Brésil afin de rencontrer les paysans sans terre et pour échanger des expériences.

Il se dégage de toutes ces expériences des valeurs communes. La première est le soucis de permettre aux personnes elles-mêmes de prendre leurs sorts en main sans attendre tout des pouvoirs publics défaillant dans leur mission d’assurer un véritable droit au logement pour tous. Une autre valeur commune est de permettre aux personnes dans la précarité de retrouver une dignité et des valeurs personelles. Le débat s’est alors poursuivi sur la recherche de moyens financiers permettant de développer ces expériences constructives.

 Han Van Putten

Merci, beaucoup. Nous avons terminé avec les rapports des groupes de travail et je demande à Cesare qu’il vienne ici, afin de discuter du prochain point de l’ordre du jour. C’est en fait une continuation de la discussion que nous avons entamé avec la suite donner à cette réunion. Il me semble qu’il y a trois choses que l’on attend des ministres. C’est d’abord de savoir si les collègues de M. Besson sont tous d’accord avec l’insertion de ce droit, deuxièmement, s’ils sont tous d’accord d’avoir une table ronde sur le droit au logement avant le mois de décembre et troisièmement, s’il sont d’accord à l’association de notre groupe à la préparation d’"Istanbul + 5".

 Cesare Ottolini

J’ai eu du mal à joindre Frédérique Lahaye, donc je n’ai pas encore de réponses précises. Je sais seulement qu’à la conférence de presse qu’il y a eu ce matin, M. Besson à dit que sur la question du droit au logement, il n’y a pas l’accord de tout le monde. C’est le journaliste de l’Humanité qui m’a donné cette information. Concernant les deux autres questions sur la "table ronde" et l’association à Istanbul + 5, j’ai essayé de contacter la secrétaire de M. Besson, mais je n’ai pas pu la joindre. J’essayerais encore une fois avant la fin de cette séance. En tout cas, nous devons continuer à travailler. Il y a des propositions, des suites à donner que se soit au niveau politique ou au niveau de construction de notre réseau. J’aimerais que les personnes qui ne sont pas encore intervenues, mais qui connaissent un peu les racines desquelles nous sommes partis, puissent donner leurs avis sur cette nouvelle démarche pour la construction du réseau. Je pense que c’est vraiment important d’avoir leurs avis, leurs suggestions, leurs critiques, car la nouvelle démarche a aussi besoin de la continuité. Il ne faut pas faire des choses complètement nouvelles. Il faut changer de vitesse évidemment, mais avec la conscience que nous sommes bien enracinés sur une base commune. Ce matin Knut a parlé de la base commune idéale pour construire la prochaine étape qui est Nice. Pour New York, nous avons besoin d’expériences et de suggestions.

 Gus Massiah

À l’étape où nous sommes, on retrouve à la fois le problème de la redéfinition des mouvements que nous voulons représenter, mais aussi celui du rapport entre les échelles européenne et internationale. Cette rencontre aborde le problème de la consolidation et de l’élargissement du mouvement des deux points de vue.

Du point de vue thématique et du point de vue géographique. Sur le plan thématique, il y a d’une part des questions à discuter dans chacun des pays sur les problèmes propres à la bataille pour le droit au logement. Ainsi en France, des problèmes sont posés par les sans-domiciles et par les mal-logés. Mais aussi par la ségrégation urbaine. Ces questions nécessitent un travail particulier afin d’unifier les points de vue, construire des revendications communes et un mouvement commun ou des mouvements du moins convergents. Cette question se pose dans tous les pays. L’une des questions posée au niveau d’"Habitat 2 + 5", c’est la continuité entre la question du droit au logement et celle du droit à la ville.

Se pose d’autre part la question des différentes formes d’engagement et de mobilisation dans chaque pays. La mobilisation militante - du type actions, dénonciations, engagements militants, manifestations, etc. - est fondamentale. Il y a aussi des engagements que je ne qualifierais pas d’expérimentation - car ce mot en réalité très beau est aujourd’hui dévalorisé - mais je dirais de réponse à l’urgence et d’exploration de nouvelles voies. L’atelier 3 en a un peu parlé. Aujourd’hui, beaucoup d’associations qui essayent de répondre à l’urgence mais sans être cantonnées à elle.

Se pose aussi la question des négociations et du rapport aux institutions. Donc l’ensemble du mouvement est amené à articuler les trois formes d’interventions qui constituent les différentes pratiques (pratiques innovantes, militantes et institutionnelles). Quant à la coordination et à la mise en réseau, quatre associations ont déjà pris l’habitude de travailler ensemble, notamment au moment de la Charte européenne. Elles se sont retrouvées d’une façon bilatérale, trilatérale ou quadrilatérale à différents moments. Elles peuvent être rejointes par d’autres, notamment par l’ADELS avec qui nous avons travaillé sur la ville ou à la Ligue des Droits de l’Homme, qui a maintenant une commission sur le logement. Il est possible de construire un pôle HIC-France qui pourrait contribuer d’une façon importante à la construction de HIC-Europe avec d’autres pays européens.

Je propose qu’HIC-Europe, pour se construire, organise dans un an ou deux ans une assemblée ou des états généraux du logement en Europe, en essayant d’inviter ou de réunir 500 personnes significatives (qui ne sont pas forcément représentatives car on ne cherche pas à créer un mouvement représentatif) de la lutte pour le droit au logement dans les pays européens. Il faudra s’assurer que toute l’Union européenne sera présente parce que 500 sur 15, cela peut faire des délégations de 10 à 30 personnes.

La question qui se pose au niveau international est la préparation à New-York, d’Habitat 2 + 5. Cela pose la question des rapports entre les associations d’habitants, les municipalités et les collectivités locales. C’est là un enjeu stratégique. Le mouvement des collectivités locales est en cours de construction puisque à Rio, en mai 2001, trois ou quatre semaines avant "Habitat 2 + 5" à New York, il va y avoir l’unification du mouvement municipal mondial avec IULA, FMCU et Metropolis. Ce mouvement va s’unifier en deux jours, le premier jour sera à Rio, en mai, et le deuxième jour sera à New York à l’occasion d’"Habitat 2 + 5". Ils ont donc décidé d’inscrire leur unification dans le cadre du débat international et de ce sommet des Nations Unies. Nous devrions prendre l’initiative d’ouvrir la discussion publique avec les collectivités locales sur ce que veut dire l’engagement à tous les niveaux pour la garantie du droit au logement et que ceci soit aussi l’un des objectifs pour New York.