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Management et concertation avec l’usager-citoyen des services publics : le cas d’EDF - Philippe Brachet - Paul Ă ?maer

Publié par , le 14 mars 2007.





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Il convient tout d’abord de dĂ©finir certains termes. En effet, les attitudes des organismes de service public Ă  l’Ă©gard de leurs usagers varient entre un pĂ´le de souverainetĂ© et un pĂ´le de participation, avec des Ă©tats intermĂ©diaires :
– la souverainetĂ© : c’est le pĂ´le absolutiste de la dĂ©cision publique,
– l’information est diffusĂ©e Ă  partir du sommet,
– la consultation : le service public reste maĂ®tre de son Ă©coute,
– la concertation, elle tient compte des points de vue exprimĂ©s, elle rompt donc avec l’attitude unilatĂ©rale de pure souverainetĂ© qui caractĂ©rise encore la consultation,
– le partenariat suppose une institutionnalisation de la pratique de concertation et un consensus sur le domaine des dĂ©cisions partagĂ©es. Bien qu’il existe diffĂ©rents types de partenariats, c’est celui avec l’association d’usagers qui devrait ĂŞtre privilĂ©gier par les pouvoirs publics puisque l’usager-citoyen est la lĂ©gitimitĂ© du service public,
– le management est la gestion de la complexitĂ© : objectifs et moyens ne sont plus apprĂ©hendĂ©s en gĂ©nĂ©ral mais repĂ©rĂ©s dans des diffĂ©rentes dimensions ayant chacunes leur logique propre. Le management arbitre entre elles et reconnaĂ®t l’autonomie stratĂ©gique d’une pluralitĂ© d’acteurs en organisant la prise de dĂ©cision selon le principe de subsidiaritĂ©.
Les diffĂ©rentes Ă©tapes de la concertation Ă  EDF :

Elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1975 afin qu’EDF retrouve auprès de ses usagers-citoyens une lĂ©gitimitĂ© Ă©cornĂ©e par la contestation nuclĂ©aire.

– au niveau national les contacts rĂ©guliers existent depuis cette date entre EDF et diverses organisations de consommateurs. Neuf organisations ont souhaitĂ© en 1981 les concrĂ©tiser par un accord. Elles ont Ă©tĂ© rejointes par cinq autres fin 1982. Ce premier protocole prĂ©voyait Ă  la fois leur information sur des sujets d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, leur consultation sur des points concernant plus particulièrement les relations d’EDF avec ses clients, et un examen annuel des rĂ©clamations de portĂ©e gĂ©nĂ©rale. Cette concertation est considĂ©rĂ©e comme de bonne qualitĂ© et citĂ©e en exemple par la plupart des organisations de consommateurs et d’usagers. EDF a Ă©tĂ© le premier service public Ă  organiser des rencontres avec les organisations de consommateurs avant de mettre un produit sur le marchĂ©.

– au niveau local un second protocole a Ă©tĂ© signĂ© par en 1983 par quinze organisations de consommateurs et d’usagers. La concertation locale est de la responsabilitĂ© de chaque chef de Centre en coordination avec la concertation nationale. Deux Ă©lĂ©ments ont freinĂ© le dĂ©veloppement de cette concertation : une gestion de l’entreprise très hiĂ©rarchisĂ©e et une prioritĂ© donnĂ©e Ă  la concertation avec les Ă©lus qui pour beaucoup d’entre eux se considèrent comme les reprĂ©sentants des consommateurs-usagers.
Un troisième protocole a Ă©tĂ© signĂ© en 1997 pour le dĂ©veloppement de la concertation locale et la mise en place d’un monsieur consommateur dans chaque dĂ©partement. Pour rĂ©gler les litiges, EDF voudrait mettre en place des commissions paritaires mais la CSF y est opposĂ©e car elle estime que ce n’est pas son rĂ´le de rĂ©gler les problèmes de l’entreprise.

MalgrĂ© la qualitĂ© de la concertation Ă  EDF, elle ne revĂŞt pas une importance stratĂ©gique. Les grandes dĂ©cisions sont prises ailleurs, la concertation relevant d’une communication bien comprise et n’Ă©tant pas vraiment distincte de la dĂ©marche commerciale.
Elle est de plus menacée dans son autonomie par le fait que syndicats et élus revendiquent eux aussi la défense des consommateurs, et dans son existence-même par la raréfaction des militants associatifs et la réduction des subventions.

Les conditions pour qu’une rĂ©elle concertation s’inscrive dans un partenariat de service public sont :

– un management stratĂ©gique impulsĂ© par la direction sur une longue pĂ©riode,
– une autonomie des niveaux locaux et une responsabilisation des Ă©quipes locales,
– une circulation de l’information pertinente,
– que les dĂ©cisions tiennent compte de la concertation,
– une articulation des niveaux locaux et nationaux,
– une Ă©valuation dĂ©mocratique donc pluraliste.

par Philippe Brachet (AITEC), Paul Émaer (CSCV)