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Démolitions à Lisbonne : résistance pacifique contre pelles mécaniques - Portugal - Amaël Raphaneau

Publié par , le 17 octobre 2007.

Structure en béton armé, résistance des habitants, présence des caméras de télévision : rien n’a pu empêcher la municipalité d’Amadora, en banlieue de Lisbonne, de détruire fin janvier 2006 des maisons sans proposer d’alternative de logement.





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Retour des démolitions après la “trêve hivernale” : la destruction de cinq baraques du bidonville Azinhaga dos Besouros était prévue le 24 janvier 2006. Le groupe Direito à Habitação (Droit au logement) a organisé une résistance pacifique pour empêcher l’avancée des machines. Objectif : dénoncer ces démolitions et réclamer l’application de l’article 65 de la constitution portugaise qui définit le droit au logement.

La résistance face à la police n’a pas permis d’arrêter la machine

Parmi les cinq maisons concernées, deux étaient encore occupées. Les familles qui y vivaient avaient reçu deux semaines plus tôt un avis de la mairie les informant qu’elles devaient avoir quitté leur maison le 24 Janvier au matin. Ces familles ayant été exclues du PER(1), le programme de relogement, aucune alternative de relogement ne leur était donc proposée.

Une centaine de personnes étaient présentes : habitants du quartier, militants d’associations, sympathisants et membres du DAH. Mais la résistance face à la police n’a pas permis d’arrêter la machine... Ces deux jours auront malgré tout permis de dénoncer ces pratiques grâce à une excellente couverture médiatique, bien que très partiale et déformante.

La mairie refuse toujours de dialoguer

L’attitude des autorités est incroyable. La mairie refuse toujours de dialoguer, elle envoie un petit fonctionnaire qui ne fait qu’exécuter les procédures de démolition, les responsables ne font de déclaration qu’à la presse, usant de mensonges aussi gros que « ce quartier n’est pas sur le territoire de notre commune », « nous mettons tout en œuvre pour aider les personnes exclues du PER » (ils leur offrent en fait 2 mois de loyer pour déguerpir). Le seul interlocuteur est la police, qui assure être obligée d’évacuer par la force pour la sécurité et le maintien de l’ordre public.

La société Portugaise n’a pas l’habitude de ce genre de résistance mais cette action a rendu visible une violence qui a lieu quotidiennement, sans que personne ne se sente impliqué. Aujourd’hui il n’y a plus de caméras mais les destructions continuent... !

Amaël Raphaneau, janvier 2006

(1) PER (Programa especial de Realojamento). Ensemble de mesures accompagnant une politique active d’éradication des bidonvilles de Lisbonne et Porto. Etablit en 1993, le PER prévoit le recensement, le relogement puis la destruction des "barracas".