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Des politiques locales alternatives - Gus Massiah - sept 2007

Publié par , le 3 avril 2008.





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Les fondements des politiques locales alternatives

Une politique locale alternative doit prendre en compte les questions de l’espace, du temps et de l’échelle. Proposons six réflexions préalables.
Du point de vue de l’espace, une politique locale alternative est marquée par la territorialisation ; elle définit une cohérence entre la population, le territoire et les activités.

Une politique locale alternative se définit dans l’articulation avec les autres niveaux de la spatialisation ; elle combine les échelles locales, nationales, des grandes régions et mondiales.

Du point de vue du temps, une politique locale alternative est marquée par la contradiction entre le temps court, celui de l’urgence, et le temps long, celui de l’action sur le changement structurel ; elle s’inscrit dans la définition d’une perspective stratégique.

Une politique locale alternative se définit dans l’articulation de la réponse aux besoins exprimés par la population, de la contrainte des équilibres socioéconomiques, des dynamiques culturelles et du temps long des écosystèmes.

Du point de vue de l’échelle, une politique locale alternative doit proposer des mesures à l’échelle des problèmes qui se posent en situation et ne pas se limiter à de simples améliorations conjoncturelles.
Une politique locale alternative se définit dans le rapport aux institutions, que l’on résume parfois par la gouvernance ; elle rencontre la nécessité de l’impératif démocratique.

Les défis à relever par les politiques locales alternatives

Les défis peuvent être définis à partir de l’analyse critique des situations, des contradictions qui se révèlent et des alternatives qui s’esquissent à travers les mouvements, les réflexions et les pratiques nouvelles. Proposons quatre préoccupations majeures pour les politiques locales alternatives :

 L’importance des inégalités sociales, la persistance des discriminations sociales et culturelles et de la ségrégation spatiale ; c’est la lutte contre les inégalités et les discriminations qui permet de construire un nouveau modèle de développement et une autre conception de la croissance

 L’atteinte des limites de notre système eu égard aux contraintes écologiques et aux droits des générations futures ; la maîtrise locale de l’environnement devient un objectif premier des politiques locales

 La permanence des inégalités Nord-Sud fondées sur les rapports de domination, l’importance des conflits et des guerres ; la nouvelle révolution urbaine est d’abord celle des villes du Sud et elle caractérise l’évolution de l’armature urbaine mondiale

 L’insécurité sociale, économique et écologique s’accentue et la nécessité de trouver des réponses qui ne soit pas déterminée par les idéologies sécuritaires et répressives devient un souci majeur des politiques locales.

Les axes stratégiques des politiques locales alternatives

Proposons une structure des politiques locales alternatives autour de neuf axes stratégiques :

 Des politiques foncières et des transports fondées sur le remise en cause de la ségrégation spatiale
 Des politiques de développement des services publics fondées sur l’accès pour tous à ces services et au respect des droits fondamentaux
 Des politiques de développement local fondées sur la production locale et les entreprises locales, le marché local et l’emploi local
 Des politiques de défense de l’environnement local fondées sur l’amélioration des écosystèmes et les droits des générations futures
 Des politiques de production de logement à vocation sociale fondées sur le droit au logement et à la ville
 Des politiques de fiscalité locale, particulièrement foncière, fondées sur l’articulation entre production de richesses et redistribution
 Des politiques de participation citoyenne fondées sur l’articulation entre démocratie représentative et participative et sur la citoyenneté de résidence
 Des politiques de coopération fondées sur la solidarité internationale et l’inscription dans l’action internationale des villes et des territoires ;

Les échanges d’expérience et les outils

Au cours des dernières années, un nombre considérable de démarches et d’outils offrent des pistes permettant de concrétiser ces orientations. Ils font l’objet de nombreux réseaux d’échanges d’expérience. Citons parmi eux (entre parenthèses, des villes dont nous avons suivi l’expérience) :

Les agendas 21, les budgets participatifs (Porto Alegre, Brésil), la planification d’insertion sociale (Barcelone, Espagne), Ecoloc-modèle d’économie locale (Programme de développement municipal, vingt municipalités africaines), les « consultas urbanas » (Programme de Gestion Urbaine Amérique Latine, plus de quarante municipalités en Amérique Latine), les fiscalités locales liées à des cadastres simplifiés (Parakou, Bénin), la citoyenneté de résidence, éducation populaire culturelle et linguistique (Cotacahi, Equateur), Réseau des collectivités locales pour la promotion des services publics (Liège Belgique), Plan local d’urbanisme et de développement durable (Aubervilliers, France), Agricultures urbaines, etc.

Au Forum de Lyon, en 2006, avait été avancée l’idée de « responsabilité sociale et environnementale des territoires » en responsabilisant, au delà des autorité locales, des coalitions locales regroupant l’ensemble de tous les acteurs d’un territoire...