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Alternatives de développement

Publié par , le 18 octobre 2006.

Symbole de l’émancipation post-coloniale des années 50 aux années 80, le développement a justifié toutes les expérimentations politiques et économiques, de l’industrialisation massive à la lutte contre la pauvreté via les ajustements structurels. Enrichi d’épithètes (humain, social, autocentré, durable…), il incarne aujourd’hui, pour certains, la domination occidentale exprimée en politiques internationales, fondée sur une vision productiviste à la fois insoutenable pour la planète et ignorante des « métabolismes sociaux ». Pour d’autres le développement demeure, par les objectifs universaux dont il se réclame, une base pour la réflexion, la négociation et l’action.

La critique des dégâts du progrès, de la société de consommation et de ses aliénations, l’appel à des modes de vie plus sobres et en prise avec la nature ne sont pas l’invention des défenseurs de la décroissance. La question se pose avec une acuité toute nouvelle depuis que quelques grands pays « émergents » (Chine, Inde, Brésil…) se sont installés dans des rythmes de croissance très forts et ont ainsi rejoint le club des pays privilégiés qui pensaient leur modèle de progrès soutenable pour la planète dès lors que personne d’autre n’y prétendrait.

Le gaspillage des ressources naturelles, la prédation et la constitution d’économies rentières reposant sur l’exploitation des richesses de la biosphère, l’accroissement des inégalités sociales au Nord et la persistance d’une pauvreté criante dans beaucoup de pays du Sud sont aujourd’hui connus des citoyens, qui aspirent à des modes de vie et de relations équitables et durables.

Le paradigme croissantiste des Trente Glorieuses a vécu ; c’est désormais une certitude : son incapacité à assurer seul l’emploi et la cohésion sociale est admise. Et les équilibres écologiques ne survivraient pas à sa transposition à l’ensemble des sociétés aspirant à la prospérité.

Mais le défi de la pauvreté et de l’absence de services universels demeure à grande échelle au Sud et les inégalités sociales se creusent au Nord. Comment y répondre sans générer des ressources à redistribuer ?

Le débat dépasse bien sur le clivage Développement versus Décroissance…

Les réponses ne résident exclusivement ni dans des variables d’ajustement techniques à un modèle développementiste qui resterait la norme, ni dans un impossible retour à un ordre social ancien mythifié.

Quelle démocratie pour quelle architecture internationale, quelles règles de droit et quel contrôle citoyen ? Quelle agriculture pour quelles campagnes ? Quels transferts de technologie, quels systèmes de production industriels, quels modes d’organisation et de fourniture des services publics ? Quelles règles du vivre ensemble, quelles valeurs collectives et règles communément admises, quelle conception de la justice sociale ?

Les alternatives peuvent être financières, économiques, commerciales, sans relever uniquement de la technique ; elles procèdent au moins autant des choix politiques, des arbitrages collectifs, de l’invention sociale… à l’échelle locale, régionale, nationale. Enfin la question environnementale dans toutes ses composantes (économique, sociale, écologique, géostratégique…) occupera une place croissante dans les réflexions des mouvements sociaux et citoyens. Il importe de l’accompagner et de la renforcer.





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L’ensemble de ces questions est fondateur des préoccupations et des objectifs de l’AITEC mais jusqu’à présent il a surtout tenu une place transversale dans ses activités.

L’intérêt des mouvements citoyens pour le débat Développement/décroissance ou encore la réflexion éthique sur les fondements de la richesse et du vivre ensemble, l’accuité de la problématique environnementale à l’échelle mondiale, enfin la crise qui affecte les paradigmes anciens de la coopération internationale nous conduisent aujourd’hui à réactiver nos réflexions et nos propositions.

L’AITEC souhaite notamment développer des collaborations avec les mouvements de défense de l’environnement pour approfondir son analyse des liens entre développement économique et environnement à l’échelle locale. Deux initiatives exploratoires participent de la relance de cette réflexion, qui a matière à se développer : une formation « Quels développements ? » organisée en été 2006 avec les Amis de la Terre France, Peuples solidaires, le CNCD et Survie, et la participation au séminaire « Les mouvements sociaux confrontés à la crise écologique », avec Attac France en mars 2007.

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