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"La crise financière : éléments d’analyse et implications politiques", rencontre Cedetim - Aitec

Publié par , le 3 mai 2008.





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 voir aussi : déclarations, mobilisations et campagnes sur crise financière / crises globales

1er Avril 2008

Eléments issus des présentations introductives

Michel Vigier :

Deux origines du débat :
  demande répétée sur l’explication de la crise ;
  pétition lancée par Lordon (http://www.stop-finance.org/)

Analyse de la crise et analyse des réponses (diaporama disponible sir demande).

Il s’agit d’une crise immobilière plutôt que d’une crise financière (arrive en second) ou d’une crise économique (peut-être en troisième).
La crise immobilière est une énorme bulle immobilière, spécialement aux Etats-Unis, limitée en Europe à la GB, l’Irlande, l’Espagne et à un degré moindre la France.
Le patrimoine immobilier des ménages aux Etats-Unis = 150 % du PIB en 2006. 100 % en 2000. Les prix ont réels ont doublé depuis 2000.
La bulle américaine est due à un essor de l’endettement des ménages. Et notamment l’endettement des pauvres et des plus riches. Les stocks de prêt immobilier étaient à 23 % des prêts subprime (prêts qui n’offrent pas de garantie de suffisante). Les prêts JUMBO – pour les riches – représentent 20 % des prêts immobiliers.
L’origine de la bulle est le laxisme réglementaire et le laxisme budgétaire. Le taux d’épargne américaine est aujourd’hui négatif.
Conséquences : surendettement, appels de marge, faillites personnelles, …
La crise immobilière n’est plus seulement aujourd’hui celle des pauvres. Elle atteint les classes moyennes, notamment le Nord. Et bientôt sera touchée la classe moyenne supérieure.

Conséquences sur la finance :
  tout le secteur spécialisé dans l’immobilier est touché (Northern Rock, etc…) ;
  le mécanisme de la titrisation étend la crise au secteur bancaire et financier traditionnel ; la titrisation a été multipliée par 7 depuis 2000 aux Etats-Unis ;
  mécanismes complémentaires : les assureurs sont mis en défaut devant le nombre de faillites ;
  autre problème : les SIV qui ont permis aux banques de sortir de leurs bilans les crédits risqués ; au final, prétendant ne pas compter ces risques dans leurs bilans qui en fait y sont restés ;

Un montant de pertes : 600 – 1000 milliards de dollars. Provisions déposées : 220 milliards.

Impact macroéconomique :
  Ralentissement du secteur du bâtiment et des intermédiaires ;
  Restriction de crédits dans le secteur bancaire ;

Quelles réponses du système :
  Privatiser les profits et nationaliser les pertes : sauvetages des établissements financiers + interventions politiques pour apporter des garanties, etc… ;.
  Laxisme monétaire aux Etats-Unis entraîne un effondrement du dollar ;

Pourquoi vouloir sauver la finance ? Question également posée à propos des papiers d’Aglietta sur le risque systémique.
  la finance n’est qu’une fraction du système bancaire : celle qui est concernée est celle qui a fait d’énormes profits ces dernières années ; pourquoi vouloir la sauver ? le système bancaire classique est assez peu concerné ; les compagnies d’assurance, les fonds de pension sont assez peu touchés ;
  les entreprises sont assez peu concernées par la crise, seulement indirectement par le ralentissement de l’économie et la raréfaction du crédit ;
  ce n’est pas une crise des pays émergents, par exemple des BRICS, voire même, cela les renforce ;

Quelles réponses :
  oublions la nationalisation des pertes ;
  soutenons les appels à plus de régulation, mais qui n’empêcheront pas les crises suivantes ; mais limiter la régulation à la suppression de l’article du Traité Européen ;
  nous ne pouvons faire l’impasse du débat crise du Nord par rapport aux pays du Sud ; la fracture principale n’est-elle pas entre les bourgeoisies mondialisées des pays du Nord et les bourgeoisies nationales des pays de l’Est et du Sud : il n’y a pas d’alliances entre les deux ; la pétition des économistes présente une alliance entre la bourgeoisie nationale des pays du Nord et celles du Sud ;

Conclusion : On reste autonome et soutenons les luttes.

Ghazi Hidouci

En gros d’accord avec Michel.
Part d’une crise beaucoup plus large que celle que nous vivons depuis août 2007. La crise dure depuis plus de 20 ans : déséquilibres financiers, ajustements sur le dollar, guerre pour les matières premières.

On est arrivé à une phase du capitalisme extrêmement rentier. Tout ce qui n’est pas mondialisé n’est plus financé.
Les pays riches sont devenus des grands pays rentiers paresseux, avec des financiers qui n’investissent pas.
Quelques éléments complémentaires :
  Le capitalisme ne trouve plus dans l’économie réelle les bénéfices qu’il attend : les salaires ne peuvent plus descendre sous les planchers actuels, le coût des matières premières a augmenté et une partie importante de la production ne dépend plus de son contrôle... Plusieurs réactions : délocalisations/défiscalisations, spéculation sur la rareté (exemple du prix du pétrole dont 30 à 40 % est uniquement spéculatif) ;
  Les marchés internes s’autonomisent par rapport aux grandes multinationales et on assiste à un décrochage entre économies sédentaires et économies compétitives.
Le capitalisme devient donc rentier et spéculateur ; quand 5% de rendement était auparavant acceptable, 15% n’est aujourd’hui plus suffisant pour les actionnaires et les intermédiaires.
La croissance des excédents financiers asiatiques et arabes à la faveur de l’augmentation de leur balance commerciale, de la montée des prix des matières premières les amène à rechercher les placements bancaires les plus avantageux, qui ne sont pas dans l’économie réelle : ils sont stockés dans les banques d’affaires en biens rentiers.
De fait le marché de crédit lié à ces excédents est faible : ça signifie recul du crédit à long terme pour les entreprises et le secteur productif et augmentation des investissements à court terme à forts taux d’intérêts.

La crise est globale. Les expédients actuels (socialisation des pertes = renvoie de la mauvaise monnaie vers les BC et les Etats) sont faibles au regard des enjeux. On retarde l’heure de vérité. Cette matière d’agir nécessitera d’augmenter les impôts et de pousser à la planche à billets.
Au final, on aura aussi l’abandon du dollar comme monnaie de réserve planétaire. Lorsque les épargnants mondiaux n’auront vraiment plus confiance dans le dollar, là on sera au bout du rouleau.
Il faut laisser partir les organismes financiers qui ont trop risqué. Mais ce sont les gros qui resteront en récupérant les petits qui ne seront pas en mesure de résister.

Deux grands perdants : les populations des pays pauvres et les populations des pays du G7.
N’exclus pas une guerre mondiale à l’initiative des Etats-Unis.