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Les multinationales françaises dans la région Maghreb-Mashreq : au paradis de la libéralisation du commerce et des investissements...

Publié par , le 9 février 2015.

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FR


Plus de trois ans et demi après les soulèvements du monde arabe de 2011, les pays de la région demeurent ébranlés, souvent dramatiquement. Seule la Tunisie semble être parvenue à orchestrer une transition démocratique dans l’ensemble pacifique et durable.

En près de quatre années, les différents gouvernements en Tunisie, Égypte et Libye ont failli à répondre aux revendications économiques et sociales. Ils ont même choisi de ne pas s’attaquer à la question de court terme de la résorption des inégalités, et à la question cruciale de plus long terme : quelles voies alternatives pour un développement à la fois facteur de justice sociale et dans le même temps respectueux d’écosystèmes excessivement fragiles ?
Les raisons à ce renoncement sont multiples, et en premier lieu le fait que les responsables politiques successifs portés au pouvoir n’ont jamais remis en question les trajectoires économiques en vigueur depuis 30 ans.

Or parmi les agents à la fois acteurs et bénéficiaires des économies d’Afrique du Nord figurent les multinationales françaises. Elles y sont largement implantées depuis longtemps, et participent à tous les étages de la fusée productiviste et prédatrice – des ressources naturelles, du capital humain – en échappant le plus souvent à la fiscalité et en rapatriant tous leurs bénéfices au Nord de la Méditerranée. La participation active de certaines d’entre elles aux activités de contrôle et de répression de certains des dictateurs déchus a même été mise à jour après leurs chutes respectives.

Dans cette équation, les accords internationaux de libre-échange et le régime international de l’investissement sont pour beaucoup, puisqu’ils fournissent aux multinationales les cadres et les instruments légaux qui leur permettent d’imposer leur loi, celle du profit maximal, comme supérieure aux lois domestiques aussi bien qu’aux droits humains internationaux.

Malgré cela, dès le printemps 2011, l’Union européenne manifestait son intention de s’engager aux côtés des nouvelles démocraties issues des « printemps arabes », en vue d’aboutir à des Accords de libre-échange « complets » et « approfondis », seuls à même selon elle d’engendrer la croissance économique et l’emploi dont les jeunes de la région avaient impatiemment exprimé la demande à travers leurs soulèvements.

Dans ce contexte, le présent document se veut une première contribution, introductive et parcellaire, à l’analyse critique à la fois :
– de l’agenda commercial de l’Union européenne dans la région Maghreb-Mashreq, afin de discréditer la perspective de nouveaux accords approfondis.
– de l’action économique, sociale, environnementale des multinationales françaises dans la région, en préfigurant la mise en place de méthodes et d’instruments plus systématiques pour l’avenir.

EN


French multinational companies in the Maghreb and the Mashreq : a haven for trade liberalisation and investment...

More than three and a half years after the uprisings that rocked the Arab world, several countries in the region remain weakened by the aftershock of these events. Only Tunisia, however, seems to have succeeded in orchestrating a democratic transition that is peaceful and lasting, by and large.

However, in nearly four years, the different governments have not only failed to answer the economic and social demands but they have even chosen not to deal with the short-term issue of reducing inequalities, and to the more crucial, long-term issue of finding alternative methods of development that factor in social justice whilst simultaneously respecting excessively fragile ecosystems. There are many reasons for this relinquishment but first and foremost there is the fact that successive policy makers brought into power have never cast doubt on the economic trajectories that have been in place for 30 years.

French multinationals are among those that are both actors and beneficiaries of the economies of North Africa. They have a very strong presence there, and are contributing to all of the stages of productivist and predatory growth - natural resources, human capital - more often by being spared of taxation and repatriating all of their profits to the North of the Mediterranean. The active participation of some of them in the controlling and repressive activities of some of the fallen dictators has even continued after their respective downfalls.

And in this equation, the international free trade agreements and the international investment regime have a lot to do with it since they provide multinationals with the legal frameworks and instruments that allow them to impose their rules of maximum profit as being superior to domestic laws as and international human rights.

And despite this, since the spring of 2011, the European Union has been demonstrating its intention to engage with the new democracies resulting from the ‘Arab spring’, with a view to obtaining ‘comprehensive’ and ‘extensive’ free trade agreements, which in its view were the only ones capable of generating the economic growth and employment that young people in the region had impatiently called for through their uprisings.

In this context, this document seeks to simultaneously provide an initial introductory and fragmented contribution to the critical analysis of :
– the European Union’s trade agenda in the Magreb-Mashreq region, in order to discredit the prospects of new extensive agreements
– the economic, social and environmental actions of French multinationals in the region, by presaging the implementation of more systematic methods and instruments in the future

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