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Séoul : le G20 s’installe en gestionnaire du monde

Publié par , le 28 décembre 2010.

Premier sommet présidé par un pays non-membre du G8, le G20 de Séoul s’est tenu les 11 et 12 novembre derniers. Au programme : un plan d’action pour la croissance mondiale, l’adoption de Bâle III, l’achèvement de la réforme du FMI et les « filets de sécurité financiers ».





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Peu d’avancées majeures des réformes financières puisque le G20 n’a fait qu’entériner les propositions issues du G20 des ministres des finances du 22 octobre 2010 à Gyeongju (réforme du FMI et adoption de Bâle III). Sur la croissance économique, le G20 a trouvé un accord pour aller plus loin dans la mise en place de fonds régionaux d’aide anti-crise (« safety nets »). Ce sont des mécanismes de protection des pays les plus vulnérables pour faire face à une nouvelle crise financière.
Une nouveauté cependant, marque de la présidence coréenne de ce G20 : le Consensus de Séoul pour la croissance partagée, traduit par un plan d’action pluri-annuel. Articulé autour de six principes (croissance, partenariat, questions systémiques, participation privée, complémentarité, résultats) et de neuf aires d’activité, le texte réunit les conditions de la croissance économique et durable pour les pays en développement et à faibles revenus. Ce plan d’action passe essentiellement par la construction d’infrastructures et les partenariats publics-privés.

Mais, fait marquant, ce cinquième sommet s’est ouvert sur fond de « guerre des devises ». Déclenchée par l’injection de 600 milliards de dollars par la Banque centrale des Etats Unis dans l’économie américaine, elle a hanté ce Sommet des chefs d’États. Présentée comme une dévaluation compétitive de la monnaie américaine (énième tentative des États-Unis pour relancer sa croissance intérieure), elle a néanmoins des conséquences globales puisque l’ensemble des monnaies est indexé sur le dollar.

A ce programme, les mouvements sociaux ont opposé la Conférence Internationale des Peuples pour discuter et proposer leurs solutions à la crise globale.
Le 6 novembre, 40 000 personnes se sont assises, en rang, sur des matelas de mousse ou des couvertures chauffantes sur une place du centre-ville de Séoul. Cette première action à l’initiative de la KCTU, la grande centrale syndicale coréenne1, contestait à la fois le G20 comme arène auto-proclamée pour trouver des solutions à la crise globale et l’utilisation du Sommet par le gouvernement coréen comme prétexte pour restreindre drastiquement les droits démocratiques et accroître sa répression sur les migrants, les vendeurs de rue et les sans-abris. En effet, Séoul a été « nettoyée » de tous les Coréens « débarqués » par capitalisme néo-libéral. Tract rappelant qu’il était interdit de manifester selon la loi spéciale passé à l’occasion du G20, contrôle renforcé aux frontières, extradition de nombreux participants à leur arrivée dans le pays (malgré l’obtention préalable de leur visa et leurs profils essentiellement académiques), déménagement de la Conférence des peuples la veille de son ouverture... Le gouvernement coréen n’accepterait aucun écart et le faisait savoir.
Résultat, malgré un contenu intéressant traitant de la régulation financière, du droit des travailleurs, de l’emploi, du changement climatique, des accords de libre-échange (notamment du celui Corée du sud – États-Unis contesté par une coalition large de syndicats et d’associations coréennes), la Conférence des Peuples a connu une affluence relativement modeste. La manifestation de clôture (à laquelle ont participé 10000 personnes) a profité d’une très bonne couverture médiatique.

Article paru dans Lignes d’Attac n°84 - Janvier 2011