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Débat sur les lieux de construction de l’expertise citoyenne

Publié par AITEC, le 25 février 2011.

Expertise citoyenne



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Présents : Jean Philippe Milésy, Gus Massiah, Jean Pierre Troche, Cécile Canpolat, Fanny Simon, Gildas Jossec, Alexia Ghobril, Gilles Lemaire, Annie Pourre, Florent Schaeffer, Lilia Santana, Ghazi Hidouci, Maxime Combes, Amélie Canonne, Samuel Jablon, Etienne Henry, Michel Capron, Katherine Coit, Lorna McCallum, Nicolas Haeringer, Claude Baehrel

Débat sur les lieux de construction de l’expertise citoyenne

Retour sur l’Assemblée Générale de 2009 :
Réflexion sur l’actualité de l’expertise citoyenne

Questionnement sur la place de l’expertise citoyenne dans la transformation sociale face au contexte actuel, ainsi que sur les lieux de construction de l’expertise citoyenne.

Réflexion sur le fonctionnement de l’Aitec à deux niveaux :
- Renforcer la construction d’une expertise citoyenne qui s’appuie à la fois sur les individus et sur les rapports avec les mouvements
- Faire évoluer le fonctionnement de l’Aitec par rapport à la transversalité

Pour aller plus loin dans ce questionnement, il avait été évoqué l’idée d’organiser un séminaire de débats/réflexion courant 2010 mais ce séminaire ne s’est finalement pas tenu.
C’est pourquoi pour cette AG 2010 nous avons décidé de reposer ce débat en nous interrogeant sur les lieux de construction de l’expertise citoyenne, avec 3 points d’entrée :
- l’émergence de la coalition française G8/G20 pour construire les mobilisations de 2011 ;
- la construction du mouvement international pour la justice climatique ;
les mouvements de défense du droit au logement.

Réactions/Débat :
Comment s’articule l’échange/le partage de savoirs et d’expérience ? Sur quoi s’appuie l’expertise citoyenne ? A quoi sert l’expertise citoyenne ? Comment s’articule le travail des différents groupes de travail de l’Aitec pour assurer la transversalité ?
L’Aitec a besoin d’un second souffle sur ce travail de transversalité, de convergence, de partages de savoirs et d’expérience.

Comment se situe l’Aitec dans les mouvements ? Qu’est-ce que porte l’Aitec dans ces mouvements ?
La présence de l’Aitec au sein des mouvements ainsi que sa posture – faire le lien entre les mouvements et l’expertise des professionnels - sont reconnues ; mais l’Aitec doit renforcer les passerelles entre l’expertise des mouvements et celles des professionnels, aujourd’hui trop cloisonnées.

L’émergence de la coalition française G8/G20 pour construire les mobilisations de 2011, suite à la prise présidence française du G20 à Séoul - Présentation par Amélie Canonne -

L’Aitec s’est fortement impliquée dans l’émergence de la coalition française G8/G20, d’où sa présence au contre-forum de Séoul en novembre 2010 pour faire le lien avec les mouvements sud-coréens et internationaux.

Retour sur le calendrier de 2011 : G20 à Cannes les 3 et 4 novembre ; G8 en mai à Deauville, mais la tenue du G8 n’est toujours pas confirmée (réticence des États-Unis à participer à ce G8) ; et G20 thématiques (finance, agriculture, université, etc.)

Retour sur la construction du collectif G8/G20 à l’initiative du CRID, d’Attac, et auquel a largement pris part l’Aitec :
Objectif de cette coalition : Organiser les grandes phases de mobilisations pour 2011, notamment un Forum des peuples pour le G20 et des mobilisations de rue pour le G8. Il ne s’agit pas de travailler sur le fond des sujets – travail qui aura lieu au sein d’alliances plus restreintes-, mais de travailler sur la convergence des mouvements dans la mobilisation.
Slogan de cette coalition « Les peuples avant la finance ! Yes we Cannes », et lancement d’un texte d’appel à mobilisation (disponible sur http://altermob.org)
Enjeux actuels de l’Aitec concernant cette coalition :
→ Élargir cette coalition aux mouvements européens et internationaux (tels que le réseau S2B au niveau européen, et OWINFS au niveau international)
→ Maintenir un pied dans les 2 espaces de coordination : l’espace de mobilisation porté par le CRID et Attac ; et l’espace de plaidoyer porté par Coordination Sud (même si la position de l’Aitec est de réaffirmée l’illégitimité des instances comme le G8 ou le G20).
Temps fort pour l’élargissement de cette coalition : le Forum Social Mondial à Dakar où se tiendront un séminaire sur le décryptage des agendas et un sur les mobilisations ainsi qu’une Assemblée de convergence qui lancera véritablement les mobilisations et les convergences internationales. Il s’agira également d’organiser des temps de travail stratégiques avec nos partenaires historiques.

En conclusion, la place de l’Aitec dans les mouvements que ce soit au niveau français, européen, ou international est largement reconnue, ce qui lui permet de faire le relais entre ces différents lieux de construction de l’expertise.

Réactions/débat :

L’Aitec est certes peu visible, mais c’est un « petit rouage » qui joue un rôle fondamental ; elle est un « roulement à bille » qui permet la convergence des mouvements. Et cette convergence des mouvements se construit à travers l’échange et le partage de l’expertise, c’est à cela que travaille l’Aitec.

Enjeux/rôle de l’Aitec dans la mobilisation G8/G20 :
L’Aitec doit travailler pour que cette mobilisation soit considérée comme le 3ème tour social des retraites en démontrant que la protection sociale n’est pas un problème franco-français mais une question avant tout européenne et internationale. (ex de l’expérience de 1989 où les mouvements avaient convergé sur les luttes contre l’apartheid économique et la dette)
L’Aitec doit maintenir les différents niveaux d’alliances car c’est en consolidant ces alliances – par ex celle entre modernistes et radicaux – que la lutte contre les néo-conservateurs sera plus forte.
Cette coalition est actuellement trop enfermée dans 2 temps précis. Au contraire, l’Aitec doit travailler sur l’élargissement et l’articulation entre les différents temps et thématiques, d’une part pour renforcer/construire la transversalité, et d’autre part pour démultiplier le partage des savoirs qui ne peut se faire que dans la durée. (ex : organisation d’initiatives décentralisés telles que les forums sociaux locaux, un salon alternatif de l’agriculture, etc)

Autre question soulevée : l’affaire Wikileaks et le traitement de ces informations centralisé dans les mains de certains médias : Comment les mouvements sociaux et citoyens peuvent-ils se réapproprier le traitement de ces informations ? Comment construire une expertise citoyenne sur ces informations révélées face à la haute technicité des sujets traités ?
Nouveau sujet à traiter en lien avec les mouvements pour les logiciels libres.

L’émergence du mouvement international pour la justice sociale et écologique, avec analyse de l’accord de Cancun suite au Sommet sur les changements climatiques (29 nov au 10 décembre 2010) - Bilan de Cancun et perspectives présenté par Maxime Combes

Retour sur le « faux-consensus » de l’Accord de Cancun et le danger d’un tel accord :
Les ONGs et médias européens et anglo-saxons ont accueilli avec satisfaction l’accord de Cancun sous prétexte que cet accord « sauve le processus de négociation onusien », renforce le multilatéralisme, et crée un fonds vert pour l’adaptation aux changements climatiques entre autres. Or, au contraire, il s’agit d’un accord qui affaiblit le processus de l’intérieur de par son absence de contenu :
→ C’est un accord dans lequel ne figure aucun objectif de réduction de gaz à effet de serre, et qui vide en grande partie le Protocole de Kyoto de sa substance (sa portée contraignante).
→ Sur la création d’un Fonds vert : aucune source ne financement n’a été actée et cette question devrait être renvoyée au G20 (Cf. communiqué de FNE)
→ L’hypocrisie se révèle : Cet accord est salué pour sauver la face du processus onusien et du multilatéralisme, pourtant les mêmes acteurs s’accordent pour renvoyer les questions de financements à l’agenda du G20 !
→ Finalement, cet accord de Cancun ne fait qu’entériner l’accord de Copenhague et lui confère un caractère légal alors que celui-ci n’avait jusqu’à présent qu’une valeur de proposition en l’absence de consensus ».
Ce résultat ne fait que renforcer la perte de légitimité du processus onusien au sein des mouvements de base qui aujourd’hui n’attendent plus rien de ces négociations. Et l’écart, le clivage entre les mouvements de base et les organisations de la société civile à l’intérieur des négociations est de plus en plus grand.

Retour sur les caravanes de Mexico et les désastres environnementaux :
La lutte pour la justice écologique au Mexique et dans toute l’Amérique Latine n’est pas du tout quelque chose de secondaire, c’est une lutte pour la survie car les populations locales dépendent directement des ressources qui sont polluées et/ou surexploitées.
Face à cette situation, se met actuellement en place une « Alliance internationale des sinistrés environnementaux ».

Retour sur les mobilisations européennes :
Au contraire de la situation latino-américaines, le mouvement pour la justice écologique est assez faible en Europe car le lien entre inégalités écologiques et sociales a du mal à s’imposer.
D’où l’importance du travail de l’Aitec sur cette question de justice sociale/justice écologique.
Quelles perspectives de mobilisation ?
Travailler à rendre plus visible et échanger sur les luttes locales et à l’articulation local/global particulièrement évidente dans ce combat pour la justice sociale et écologique : « Il faut dé-globaliser la question du climat sans la dés-universaliser ».
Travailler sur l’articulation des 3 dimensions : le global/ le national (ex : loi nationale sur la protection des glaciers en Argentine) / et la visibilité des initiatives locales

Réactions/débats :
Le Mouvement pour la justice climatique fonctionne comme une synthèse des mouvements de lutte (convergence des luttes), d’où l’importance pour l’Aitec de s’impliquer dans la construction et le renforcement de ce mouvement. Mais celui-ci a émergé très récemment, il faut donc l’analyser à l’aune de cette jeunesse ; c’est un mouvement qui est en train de se créer.

Concernant l’articulation entre mouvements de base et ONG de plaidoyer : quoique l’écart se creuse, l’Aitec doit continuer à jouer son rôle d’intermédiaire : d’une part en continuant à suivre les négociations pour décrypter ce qu’il se passe à l’intérieur des négociations et faire le lien avec l’extérieur ; et d’autre part pour provoquer le débat sur les points de dissensus sur l’accord de Cancun au risque sinon d’isoler l’extérieur et son expertise.

Questions importantes que doit se poser l’Aitec actuellement :
→ Quelles alliances construit-on avec les mouvements progressistes d’Amérique Latine ?
→ Comment construit-on quelque chose chose de nouveaux à partir de ces nouvelles convergences (Cf. mouvements de convergence à Copenhague, qui s’est confirmé à Cancun)
→ Par ailleurs, comment valoriser le rôle des savoirs concrets dans la lutte pour la justice sociale et écologique ? Attention à ne pas s’enfermer dans une approche technicienne de ces questions, l’analyse du terrain est nécessaire pour répondre à ces enjeux (ex : la lutte contre la déforestation passe d’abord par la lutte contre la pauvreté). Pour éviter ce risque et rester cohérents, il faut également mener un travail d’analyse sur les effets pervers.

Retour sur la réorganisation du groupe urbain
Pour introduire ce débat, Cécile Canpolat rappelle que l’illustration de la notion d’expertise citoyenne est fonction du sujet et du contexte dans lequel il est travaillé. Concernant les questions urbaines, l’ensemble des productions réalisées depuis la création de l’Aitec témoignent de la diversité des formes que peut prendre l’expertise citoyenne.

Si l’activité de production d’analyse avait diminué dernièrement, le travail réengagé depuis peu autour de la plateforme DESC permet de réactiver la production d’analyse sur la question du droit au logement.

Il est également rappelé que l’expertise citoyenne peut intervient à trois niveaux : constat / compréhension / proposition. C’est certainement autour du 3ème niveau que l’AITEC doit intervenir en créant des espaces de discussion permettant de faire émerger des propositions alternatives globales sur la politique du logement. L’idée étant de dépasser les débats consensuels inscrits dans des registres de mots d’ordre – de pousser les débats dans leur contradictions politiques.

A titre d’exemple, bien qu’il apparaisse normal que le travail mené au sein de la plateforme DESC soit consensuel ; des questions de fond et des questions idéologiques doivent toutefois être débattues au sein de l’Aitec :
- notions de logement social et de logement public
- modèles résiduel / universaliste / généraliste du logement social
- notion de service public du logement
- question de la propriété

Au delà de ces questions de fond / questions idéologiques, le groupe urbain doit être réinterrogé dans une perspective de transversalité au sein de projet Aitec et d’alliances à développer (mouvements/universitaires/privés/collectivités locales/gouvernement et technocratie).