AITEC
Bouton menu

Quelle politique urbaine pour produire massivement des villes durables et capables d’affronter les défis climatiques annoncés ?

Publié par Jean-François Tribillon, le 21 mai 2019.

Un texte de réflexion de Jean-François Tribillon, membre de l’AITEC, a été publié dans la Revue Foncière :

Ci-dessous se trouve un résumé de l’article. Un événement public aura lieu le 11 juin 2019 à 19h au CICP (cafétéria l’Internationale) pour débattre de ce texte et envisager ensemble des pistes possibles.





Partager :

bouton facebook bouton twitter Bouton imprimer

Diagnostic à partager

1 - On part du constat basique de l’impréparation et de l’improductivité françaises en matière de villes durables, d’urbain durable, c’est-à-dire dont l’empreinte écologique serait pratiquement nulle ; cet urbain durable prend la forme d’urbain neuf ou convertit de l’urbain existant, ce qui est le plus difficile.

2 - On ne peut continuer à s’en remettre à la bonne volonté des collectivités locales et des promoteurs immobiliers. Le laisser faire libéral actuel qui peine à faire la ville est incapable de produire de l’urbain durable de manière déterminée et volontaire. La faiblesse de la production urbaine durable est d’abord à aller chercher du côté de l’indigence de la production urbaine tout court.

3 - A ce déficit d’urbain durable s’ajoutent, à mesure que le temps passe, les désordres d’ordre climatique, en particulier : montée des eaux, tempêtes, incendies, modification du régime des vents, précipitations imprévisibles... C’est à assurer une certaine sécurité climatique que les villes durables sont conduites. Comment faire face à ces risques climatiques, comment faire de l’urbain climatiquement sûr ? Comment éviter que la recherche de la sûreté climatique ne devienne une obsession primordiale ? Les risques écologiques et les risques climatiques s’ajoutent. Mais en bonne logique les villes durables devraient d’abord être conçues comme résistantes aux agressions climatiques avant d’être durables pour la simple raison que, pour devenir durable, il faut avoir survécu ! Le risque évident est que le sécuritaire l’emporte sur le durable.

Questions politiques

Le débat ramené à sa dimension politique - Comment faire de l’urbain durable massivement ? (1) Comment la ville durable et climatiquement sûre peut-elle s’administrer mais aussi se gouverner ? (2)

1 - La politique nationale urbaine des années 1945-1975 a atteint une production record de logements et de quartiers urbains. Si nous avons réussi de telles prouesses (au moins quantitatives) il y a à peine une cinquantaine d’années, nous pouvons le refaire. Nous ne nous plaçons pas ici sous une bannière technique. Nous exprimons principalement un point de vue politico-institutionnel comparatif, ou plutôt s’efforçant de trouver dans le passé des « perles » mais aussi esquissant des répétitions possibles. Nous ne tirerons pas de la politique urbaine de 1945 à 1975 une politique toute armée mais quelques « leçons d’expérience », comme on dit à tort car l’expérience ne donne pas de leçons, c’est nous qui les exhumons et les considérons comme telles.

2 - La difficulté principale n’est peut-être pas là. Elle se situe dans le principe même de l’administration et le gouvernement des villes durables. Car l’urbain durable et sûr climatiquement n’est pas fait une bonne fois pour toutes. Les villes devront prendre en main leur aménagement et équipement de manière permanent, en continu. Auront-elles le temps et le goût de préserver la démocratie et les droits humains ? Qu’il s’agisse de mettre en demeure les habitants de respecter des règlements d’usage (de comportement en fait) de la ville, de changer leur mode de vie en fonction de nouveaux aléas climatiques, d’appliquer les délibérations des conseils de gestion de quartier, de faire participer les gens à des travaux communautaires, de les obliger à quitter leur quartier condamné par la montée des eaux... Nous nous acheminons vers une sorte de commune de salut public qui risque de se comporter comme certaines colonies religieuses américaines du XIX ième siècle. Attendons-nous à des prononcés d’exclusion des mauvais sujets en forme de bannissements ! Il se pourrait que les problèmes d’ordre politique soient plus déterminants que les problèmes d’ordre technique.

Date du débat : 11 juin 2019 à 19 heures
Lieu : CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 - Cafétéria L’Internationale