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Rapport d’activité : 2003

Publié par , le 9 mars 2007.





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1. Historique

Le volet urbain du programme de coopération non gouvernementale franco-brésilien a pour objectif de créer un espace de partenariat entre les acteurs engagés dans leurs réalités nationales et ceux engagés dans la solidarité internationale, afin de favoriser de part et d’autre les liens et les synergies.

Nous faisons l’hypothèse que le croisement des expériences menées de part et d’autre de l’Atlantique peuvent contribuer à la recherche d’alternatives aux politiques publiques actuelles. Il ne s’agit ni d’une aide caritative ni d’un transfert de méthodes et de technologies, mais d’une coopération équilibrée, qui se veut symétrique reposant sur des questionnements et des expériences partagées.

Dans un contexte où 50 % des habitants de la planète résident dans des villes et où les inégalités économiques et sociales sont de plus en plus fortes, il s’agit de revendiquer un droit à vivre dans la ville -territoire de l’urbanisation et espace social où l’on accède aux services que la collectivité assume ou assure (éducation, santé, énergie...).

L’accès au logement est central. S’il n’est pas une garantie du respect des autres droits dits économiques, sociaux et culturels, il en reste une des conditions fondamentales. Le logement n’est pas un simple bien, il est le lieu et le moyen d’insertion dans la société. Sans logement, sans adresse, l’accès à un emploi, à l’éducation, à la santé (pour ne citer qu’eux), est compromis. Le droit à participer à la vie de la cité et de recueillir les fruits de développement urbain est alors remis en question.

Aujourd’hui, si au Brésil comme en France, l’offre de logement est insuffisante, les conditions d’accès au parc existant sont insatisfaisantes et les menaces qui pèsent sur les habitants les plus démunis sont de plus en plus importantes. La lutte contre les expulsions (locatives) en France ou l’occupation de logements (et de terrains) vacants au Brésil sont des moyens d’actions et des réponses légitimes aux situations subies par les habitants. Par ailleurs, un point commun réunit les différentes associations de la plate-forme urbaine : partir des habitants, de leur autonomie et de leur dynamique pour ensuite faire reconnaître leur droit à la dignité et à être acteur de leur destin.

C’est pourquoi, les membres français et brésiliens de la plate-forme ont choisi d’initier ce programme de coopération en approfondissant les thématiques de la participation des habitants et de la lutte contre les expulsions. En effet, on assiste un peu partout dans le monde, à de nouvelles formes de réinvention de la démocratie, directement liées à une tentative d’inclusion sociale et à la revendication des droits économiques, sociaux et culturels. "la démocratie participative, c’est affirmer la volonté d’une culture du droit".

D’un point de vue méthodologique, le programme s’articule autour de deux cercles d’associations : un premier noyau très actif à même de proposer des études de cas intéressantes pour le programme (d’une quinzaine d’associations françaises et d’une quarantaine pour le Brésil), et un second cercle plus large qui suit les travaux et est invité à réagir sur toutes les phases du programme. Ils se composent d’associations engagées dans leur réalité nationale (Fédération des Associations pour la Promotion et l’Insertion par le Logement- FAPIL, Droit Au Logement- DAL par exemple) et d’associations de solidarité international (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement -CCFD, Frères des Hommes, Groupe de Recherche et d’Echanges Technologiques -GRET, etc) Deux types de fiche ont été proposés, des fiches "concepts" et des "fiches d’expériences", toutes disponibles dans les deux langues.

2. Premiers résultats

 Les fiches d’expériences

A ce jour, il existe coté français neuf fiches d’expérience et quatre fiches "concept". Coté brésilien, Polis dispose déjà d’une très importante base de données de recueil d’expériences (DICAS) dont certaines ont été réactualisées et traduites en français.

 L’échange de stagiaires

Le travail d’élaboration des fiches d’expérience et la préparation du séminaire de Sao Paulo ont aussi été l’occasion d’associer deux stagiaires au programme. Le stage s’est déroulé en trois temps : un temps de sensibilisation-formation en France (tant sur les problématiques abordées que sur les acteurs associatifs) ; un séjour au Brésil pour la préparation du séminaire et le suivi des contacts avec les associations brésiliennes ; un temps de restitution-capitalisation en France.

Cet échange a été très enrichissant et a notamment contribué au renforcement de partenariats déjà existants.

 Le séminaire d’échange d’expérience

Les fiches ont été mises en débat et discutées au sein de la plate-forme, elles ont constitué le support du premier séminaire d’échange, qui s’est tenu du 23 au 25 juillet 2003 à São Paulo. Il était intégré, en tant que réunion parallèle, au Congrès International des Villes - URBIS 2003. Tous les participants (représentants d’ONG, de mouvements sociaux) au séminaire franco-brésilien ont eu accès à la foire, aux événements, conférences et débats de URBIS 2003.

Le séminaire "Pour le droit à la ville" a compté sur la participation :
 des leaders des principaux mouvements sociaux de la ville de São Paulo, comme l’Union des Mouvements Populaires de Santé, l’Union des Mouvements de Logement, le Mouvement National de Lutte pour le Logement.
 Des représentants de 22 ONG brésiliennes de plusieurs régions du pays
 De cinq représentants d’associations françaises et d’un élu local

La participation aux débats a été soutenue, (jusqu’à 80 personnes).

Le dernier jour s’est tenu une réunion d’évaluation et de discussion sur la base des attentes et propositions des partenaires pour la poursuite du programme de coopération et dans la perspective du Forum Social Européen de novembre 2003.

3. Premières leçons tirées et Propositions pour la suite du programme

Le croisement d’expérience en soi est source d’enrichissement mutuel.

Il offre aux participants une ouverture sur "l’autre" et élargit le champs d’analyse de chacun. Comprendre des expériences menées dans des contextes différents suppose un effort d’écoute et d’ouverture important. C’est pourquoi la confrontation d’expériences issues de deux pays, de deux continents différents, permet de mettre en perspective sa propre pratique et de mener sa réflexion dans un contexte plus large.

L’échange d’expérience est ainsi une porte d’entrée "naturelle" pour passer du niveau local, au global en passant par le national ou régional. Cela permet de dépasser le cadre d’analyse habituel et facilite ainsi le changement d’échelle. Comment, à partir d’une connaissance et d’une pratique locale, réfléchir à un niveau plus global.

Tous ces éléments confirment l’intérêt et les enjeux qui préfigurent l’échange d’expérience. Chaque expérience est compréhensible dans un contexte donné et c’est le croisement des différentes expériences qui permet de prendre la mesure d’un environnement global commun. En prenant en compte les questions soulevées au cours de cette première phase de travail et en considérant les propositions des ONG participantes, le collectif d’associations propose que soit abordé et mis en débat les sujets transversaux qui intéressent l’ensemble des mouvements sociaux et des organisations engagées dans la lutte sociale pour le droit au logement, à savoir :

 L’analyse du processus de formation et d’action des réseaux et des collectifs de lutte pour le droit au logement,
 L’analyse des relations que ces réseaux et collectifs maintiennent avec leurs bases et avec la société · Les membres de la Plate-forme urbaine ont demandé que des objectifs à court terme soient établis pour le développement de la coopération franco-brésilienne des ONGs.

Par ailleurs, une plus grande transversalité entre les différents axes qui composent le Programme de coopération franco-brésilien est souhaitable. Nous proposons notamment que les thèmes de travail de l’axe 4 "pour une autre diplomatie" soient définis directement à partir des travaux des axes thématiques et portent ainsi les propositions et revendications identifiées pour "une autre urbanité", "une autre économie" et "une autre ruralité". Enfin, pour renforcer la rencontre et l’échange entre les associations de la plate-forme, il apparaît souhaitable de développer des échanges entre cadres associatifs.

Ainsi, des séjours d’une à deux semaines pourraient permettre aux cadres et aux leaders des ONG et des mouvements sociaux, de mieux se connaître, de mieux percevoir les situations propres à chaque pays et ainsi de mieux concevoir les partenariats à renforcer ou à développer.