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ransformation d’un terrain provisoire en habitats adaptés à destination des gens du voyage.

Publié par , le 9 mars 2007.





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Historique du stationnement sur le terrain provisoire

L’AREAS (Association Régionale d’Etude et d’Action Sociale auprès des gens du voyage) a pris connaissance de l’existence du terrain rue de Marquillies à Lille, en 1994 sur un stationnement SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer). Ce stationnement comportait jusqu’à une centaine de caravanes selon les périodes de l’année et rassemblait différentes ethnies (roms, yénishs, roms yougoslaves...) Cette multiplicité d’ethnies et de caravanes sur un terrain précaire entraîna d’importants soucis d’hygiène, d’exiguïté, de confort : absence totale de sanitaires, de toilettes, de tout à l’égout, d’arrivée d’eau potable, branchement électrique en sauvage...
Début 97, devant l’importance du stationnement et de ses conséquences, la SNCF, propriétaire du terrain, a décidé de réagir et d’expulser l’ensemble des familles.

Bases du projet de relogement

Face à la situation très précaire de certaines familles et à leurs attentes de relogement, les différentes associations intervenantes sur le terrain (CAL PACT, ATD Quart Monde, AREAS), ont interpellé la ville de Lille sur ce problème. En mars 1997, la municipalité, sensibilisée sur la question de l’habitat adapté des gens du voyage, s’est emparée du dossier.

A partir d’une liste de familles en demande de relogement, fourni par les différentes associations, la ville est parvenue à négocier une parcelle de terrain avec la SNCF autorisant les familles à rester une année. Il s’agit de quinze ménages, dont huit en logement individuel et une famille de sept ménages souhaitant un terrain familial. La ville a décidé d’être le maître d’œuvre dans la construction de cinq logements individuels. En juin 97 le projet d’un bailleur social est retenu, il pourra ainsi être discuté avec les cinq familles ciblées par l’AREAS en partenariat avec le PACT.

En octobre 97 le projet est présenté aux familles. Entre cette date et juin 98 le projet ne voit aucune avancée pour des raisons économiques. Enfin en 1999 il est réellement lancé et l’on s’achemine vers la réalisation de cinq maisons adaptées, alignées dans la même rue. Ces maisons possèdent une grande salle de vie, entourée d’une cuisine ouverte et de chambres disposées tout autour. A cela vient s’ajouter un petit jardinet et un emplacement ouvert au devant de la maison. Toute cette réalisation s’est portée sur la nécessité d’ouverture de l’habitat.

On peut se demander face à cette situation si ce n’est pas le fait de ne pouvoir accéder à un habitat adapté (et donc de subir des conditions de vie extrêmement difficiles), plutôt que la sédentarisation en elle-même qui amène à des problèmes identitaires et processus d’exclusion.

Avancée et déroulement de l’action

Entre 1997 et l’emménagement des familles en novembre 2001 un certain nombre de questions se sont révélées tant auprès des familles que des partenaires concernés par l’action :

Comment accepter de laisser les familles vivre dans cette situation aussi précaire et insalubre ?

Comment dans ce contexte, maintenir les familles dans leur dynamique de relogement ?

Comment poursuivre le travail de préparation au relogement de familles qui, progressivement désabusées, ne croyaient plus aux promesses qui leur étaient faites ?

Comment maintenir un lien de cohérence et de coordination entre les différents partenaires face un projet qui a débuté en 1997 et a abouti en 2001 ?

La demande des familles en matière de logement était très forte. Pendant près de six ans, leur dynamique a été mise à mal par les préoccupations du quotidien et leurs conditions de vie allant à l’encontre de la dignité humaine.

Toute la coordination du projet a visé à :
 Une mobilisation constante des familles et des partenaires
 Une réintégration des familles ciblées
 Un relogement des familles en attente afin de les redynamiser dans leurs attentes
 L’obtention et le respect d’un calendrier plus régulier et plus fréquent afin de tenir les familles informées de l’avancée du projet
 Une association active et motivée des familles
 Des concertations régulières entre partenaires compétents

Au regard de tous ces objectifs il est évident que l’AREAS ne pouvait pas intervenir seul. Un énorme travail partenarial et de réseau s’est ainsi mis en place :
L’AREAS travail avec les familles dans le cadre d’un accompagnement social, éducatif et administratif (gestion et occupation du logement, respect des droits et des devoirs du locataire, intégration dans le quartier, développement de projets autour de la scolarisation, de l’insertion professionnelle, des loisirs...). Le CAL PACT travail sur la gestion locative : paiement des loyers, des charges, sur l’appropriation du logement, sur la gestion de la sortie, de l’état des lieux...LMH (Lille Métropole Habitat), bailleur social, en tant que propriétaire veille à la réalisation des travaux, au confort et au bien être des familles. Itinéraires, club de prévention, rencontre les adolescents, repère leurs besoins et tisse progressivement des liens, par le biais d’échanges, de rencontres, de réunions. Avenir Enfance, association de quartier, organise des actions ponctuelles d’ouverture à la culture auxquelles les enfants sont associés, elle accompagne les enfants en dehors de la maison. ATD Quart Monde, association caritative, gère une bibliothèque de rue, à laquelle les enfants sont amenés à participer. L’UTPAS (Unité Territoriale de Prévention et d’Action Sociale), service social de secteur, inclut ces familles dans ses missions générales, la scolarisation et la santé des enfants étant des axes de travail primordiaux. Enfin l’école et la police nationale sont associées au projet si leur présence ou leur intervention se révèlent nécessaire.

Fin de l’action, bilan et passage de relais

L’action de l’AREAS dans le cadre de son accompagnement éducatif pris fin en novembre 2004. En effet dans le cadre du FSL (Fond Solidarité Logement) l’accompagnement avait été jugé opportun pour une durée de trois ans. Il fut convenu entre chaque partenaire de stopper les concertations régulières organisées par le maire de quartier en accord avec tous les partenaires concernés.

Un relais fut bien entendu passé avec toutes les structures participatives notamment autour de la prévention et du service social de secteur. Au-delà du retrait progressif de l’AREAS tous les partenaires concernés étaient parfaitement conscients de l’interpellation possible de notre association sur des situations précises, de par notre spécificité d’accompagnement auprès de cette population.
Les familles ont tout à fait perçu l’importance et la nécessité de relais avec la possibilité qui leur était offerte de faire appel à des structures de droits communs.

Bien entendu tout ce projet doit amener à des questionnements et des remises en question :

 Que signifie la concrétisation d’un projet d’une telle envergure sur une durée de sept ans avec une population qui possède une difficulté notoire de projection et d’avancée dans le temps ?

 La construction de cinq maisons alignées dans la même rue, possédant la même architecture est-elle judicieuse en ce qui concerne l’intégration des familles gens du voyage au sein d’un quartier ?

 Comment maintenir une coordination efficace entre les partenaires concernés par cette action si l’on se réfère à la dynamique temporelle ?

 Les familles ont-elles pu se repérer dans la multitude de professionnels intervenant auprès d’elles ?

 La multiplication des intervenants sociaux ne crée-t-elle pas une situation de « dépendance et d’assistanat social auprès des familles » ?

En conclusion il paraît évident, au regard de la richesse et de la réussite progressive de ce projet, que la solution de l’habitat adapté en faveur des gens du voyage reste un travail intéressant à mener et à construire. Mais il reste essentiel de s’interroger sur la pertinence de tout projet mis en place, sur son maintien et sur le temps nécessaire à sa réalisation.

Fiche réalisée le 12 mai 2005 par Delphine BEAUVAIS
AREAS gens du voyage
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