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Afrique : la Chine peut-elle réussir là où les démocraties occidentales ont échoué ? - Amélie Cannone - 2007

Publié par , le 12 mars 2007.

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Depuis le milieu des années 90 en effet, la Chine a particulièrement développé sa présence en Afrique sous deux aspects complémentaires : l’exploitation des matières premières énergétiques, minières et agricoles et l’implantation de ses multinationales. En 2004, 20 % des minerais extraits sur le continent africain étaient exportés vers la Chine et 20 % des importations chinoises de pétrole provenaient d’Afrique sub-saharienne. En 2005, la Chine était présente dans 49 pays africains à travers plus de 800 entreprises multinationales..
Une aide accrue, souvent liée, vient renforcer cette stratégie économique : la Chine accorde 45 % de son aide au développement à l’Afrique, à travers des dons et prêts concessionnels, des annulations de dette, des mesures commerciales préférentielles, de l’assistance technique, de l’aide alimentaire…

En Europe, les bailleurs sont aussi silencieux que les relations sino-africaines bruissent de déclarations d’amitié et de communiqués officiels...
Devant la satisfaction africaine d’une aide déconnectée de toute condition politique, les responsables occidentaux valorisent leurs politiques et instruments d’aide en invoquant la désinvolture de la Chine à l’égard des standards minimaux de démocratie et de respect des droits humains. Il est vrai que l’Angola, le Soudan ou la Guinée équatoriale sont au nombre des alliés de Pékin, qui n’hésite pas à leur fournir armes et matériels militaires, voire à ouvrir le parapluie de « l’inaliénable souveraineté des Etats » pour les protéger des critiques de la communauté internationale. Et ravageuse sur le plan écologique, l’aide chinoise l’est-elle tellement plus que les autres ?
La grande question est économique : la stratégie de Pékin en Afrique s’inscrit dans la logique extravertie et capitalistique développée par l’occident depuis les indépendances et qui a conduit à l’échec : en se concentrant sur les secteurs rentiers de l’économie et en renforçant la dépendance des économies africaines aux capitaux étrangers, la présence chinoise en Afrique n’apporte aucune réponse nouvelle quant à la structuration interne des économies ou à la nécessaire redistribution des produits de la croissance. Donc à la question du développement...

Après 50 ans de néocolonialisme, les leaders africains apprécient surtout la non-ingérence d’un pays dont la satisfaction des intérêts semble présenter de réelles contreparties, au moins immédiates. Le message aux bailleurs occidentaux est clair ; même si la tactique est de courte vue…