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CA : Expertise et mouvement social

Publié par AITEC, le 4 octobre 2007.

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Ci dessous, le compte rendu du CA du 9 octobre : « Le renforcement du lien AITEC/mouvement social ». La discussion avait été introduite par Annie Pourre.

CA du 9 octobre 2006

Rappelons que le CA, à la différence des bureaux mensuels, dessinent les orientations politiques et stratégiques de l’AITEC à partir d’une thématique explorée.

Cette fois ci, Annie Pourre a ouvert la discussion en dressant un état des lieux de la situation actuelle des mouvements sociaux (difficultés, enjeux, moyens…) .

« L’expert est-il aujourd’hui un lien avec une base sociale, plus ou moins représentée par les mouvements sociaux ?

L’approche européenne de la situation française est fondée sur des mythes (cf l’assemblée des mouvements sociaux de Bruxelles, septembre 2006) : le mouvement du CPE et le référendum du 29 mai sont devenus des symboles. Effectivement, ils ont de vraies bases sociales.
Cependant, rien d’autre n’est amené en exemple : nous sommes face à un vide. Le mouvement des chômeurs en Allemagne ne semble même pas suffisamment marquant pour rester dans la mémoire collective !

Première difficulté : la spécialisation du travail des mouvements sociaux.

Cette difficulté est mise en évidence par l’évolution des forums sociaux, qui sont les produits des mouvements et qui ont produit de nouveaux mouvements ! Les forums participent de la « remodélisation » du mouvement social. Les réponses qui y sont développées sont fragmentées et spécialisées. Comment fabrique-t-on la convergence et la transversalité ?
On le voit aujourd’hui : les réunions de convergence n’ont pas élargi le noyau dur des acteurs du mouvement. Il est d’autant plus difficile de réinventer des formes de solidarité effectives que nous sommes confrontés à la criminalisation du mouvement et que nous sommes dans une posture défensive, de résistance. Nous ne sommes pas dans une dynamique de propositions collectives.

Les formes de mobilisation n’ont pas changé : campagnes, manifs… et ne conviennent plus nécessairement. Parallèlement, les bases sociales se fragilisent, résultat du discrédit du personnel politique, des organisations syndicales (cf les analyses…). Les structures ont perduré trop longtemps pour apparaître encore comme des forces d’actions ! Sans compter sur le fait qu’on est parfois intégré dans un processus de projet politique construit avec ceux qui sont au pouvoir…

Deuxième difficulté : une répression de plus en plus forte pèse sur « ceux qui bougent ».

Il y a des luttes solidaires et convergentes (cf les luttes liées à la transformation du système éducatif, liées à la manière d’envisager les migrations internationales et les migrants…). On arrive parfois à des rapports politiques extrêmement tendus : comme à Cachan où, au final, c’est la Licra ou FTDA qui pèsent sur les négociations ! Actuellement, la division des mouvements sociaux est très forte.

Troisième point : il y a des alliances sur lesquelles il faut réfléchir, d’autres qu’il faut construire.

Sous prétexte qu’il faut élargir, toutes les trahisons et tous les abandons sont possibles… Par contre, il faut décloisonner.
Quelques mouvements ont réussi à favoriser les convergences – une structure comme l’Aitec y est parvenue à plusieurs reprises. Plus que jamais, nous sommes dans une période où nous avons besoin de structures qui rassemblent, qui utilisent ses compétences et sa légitimité pour aider à la formulation de propositions alternatives globales – et non pas parcellaires.

Des mouvements comme Devoir de Mémoire ou les Indigènes de la République posent des questions extrêmement importantes mais ont des conséquences qui peuvent être négatives en terme politique. On revient aux rapports d’ethnicité, qui peuvent être une grille de lecture analytique intéressante mais ne peuvent pas constituer une manière de formuler toutes les questions, encore moins toutes les réponses. Cela produit des affrontements qui ne sont pas simples à gérer à l’intérieur des mouvements. »

Débat :

Il a été rappelé que le mouvement provient de luttes et de lignes de front. L’Aitec a un rôle à jouer, une responsabilité dans l’identification de ces fronts de lutte.

Le rapport entre mouvement et politique pose clairement des questions. C’est une nouvelle période qui s’ouvre sur laquelle il faut être capable de définir un diagnostic clair.

Les émeutes urbaines marquent une rupture, constituent un événement majeur qui ne s’est pas nommé lui-même. On est face à une double difficulté : comment le définir ? Comment dépasser le déni ? Des gens font sécession et des phrases comme « je ne souhaite pas que mes enfants se marient avec des blancs » sont des indicateurs de cette fracture. C’est une approche qui relève de la discrimination mais va au-delà. On vit une tension politique. Le mouvement des Indigènes cristallise ces tensions et invente un nouveau rapport au politique.

La construction d’espaces de confiance doit permettre de développer les articulations. On est face à un gouvernement dont l’une des stratégies est de fragiliser, de casser les convergences. Les attaques de Sarkozy sur le Dal (considéré comme « extrémiste ») sont extrêmement violentes. Les luttes et les mouvements sont de plus en plus isolés…

Il faut différencier ce qui relève de la conjoncture de ce qui relève du long terme, d’autant plus qu’on avance en période pré électorale. Le mouvement social a du mal à mobiliser et la situation de court terme ne va pas faciliter le travail. Il faudrait essayer de dégager, ce qui, dans le long terme, crée de véritables contradictions. Le contexte géopolitique mondial se durcit également – avec la généralisation de la guerre - totale et permanente. Il y a une liaison forte entre les guerres ouvertes et les guerres de faible intensité. La question du développement ne peut plus être posée en dehors de ce contexte. On ne peut pas attendre que la situation de guerre s’arrête pour poser calmement la question du développement.
La réflexion sur la paix et la guerre est étroitement liée à celle du développement et de la transformation sociale.

Au niveau européen, l’évolution de la construction européenne peut être une rupture. Ce n’est pas le « non » au référendum qui marque la rupture mais le fait que les politiques libérales soient devenues dominantes. On ne peut plus faire entendre de voix dissonantes. Comment expliquer cet état de fait ? Comment l’UE a-t-elle rendu impossible la construction de réponses locales – d’économies locales, par les collectivités locales ? (cf le code des marchés publics et les conséquences des appels d’offre en matière de labellisation) ? Ont-ils crée un irréversible ? Peut on encore changer l’Europe ? Ceci devrait constituer un élément prioritaire de réflexion pour l’Aitec.

La question de la discrimination ne peut pas être posée hors du rapport social/économie sur lequel on a beaucoup travaillé. Actuellement, la fondation Gabriel Péri met en place un cycle de séminaires sur le rapport Marché/démocratie.
C’est la question des identités collectives qui est posée à travers ces axes de travail, celle de la bataille idéologique (la deuxième autour du couple sécurité/identité si on considère que la première était soulevée dans les années 70 par les inégalités structurelles).

Le mouvement ne porte pas la résistance si on considère que la manière de l’organiser, c’est de construire un front uni. Le mouvement ne porte pas la résistance mais apparait très défensif (le non à la privatisation ne suffit pas si on ne fait pas entendre de propositions alternatives).

Le défi pour le mouvement social est de devenir un mouvement social et citoyen qui poursuive une offensive fraternelle avec les résistants et qui amène une expertise qui ne soit pas seulement sociale mais également citoyenne.
Le mouvement social se construit dans une perspective d’élargissement : sur quelles bases ? Quelles alliances privilégier ? Il peut être libéral sous certains aspects et révéler de lourds affrontements idéologiques.

Les orientations de l’Aitec doivent se prendre dans IPAM sur la base de ce qui s’y fait déjà. De même, pour formuler la « pensée Aitec », il nous faut partir des réalités locales, poser des questions très concrètes.

Orientations AITEC à CT et MT :

Mieux articuler le partenariat Aitec/associations de lutte

  On est en train de construire un dossier pour obtenir un emploi tremplin AITEC dont l’une des missions serait le renforcement de structures de terrain. Une partie du temps de ce chargé de mission serait consacré à l’appui à la coordination anti démolition et ce, dans un temps limité, par exemple 1 an… (évaluation au bout d’un an pour éventuelle reconduite du contrat)

  Nous avons déposé une réponse PICRI à la région Ile de France en partenariat avec l’école d’architecture de la Villette et Centre Sud + IPRAUS (école de Belleville) qui s’intitule « Renouveler les pratiques de conception du projet urbain : renforcer l’écoute et la coopération entre les professionnels de la ville, les associations et les citoyens en Ile de France », dont le programme de recherche et d’activités se développe autour de la relation entre démocratie locale et projets urbains.

Mieux articuler les activités générales AITEC avec le débat politique français

L’Aitec met en place des débats et forum sur des questions clefs ayant pour objectif, selon les thèmes :
  approfondissement des questions, recherches de pistes nouvelles
  externalisation de débats et valorisation de l’acquis
  Construction d’un débat nouveau, éventuellement ouverture de nouveaux chantiers/groupes de travail…

Ces débats peuvent donc structurer des initiatives plus larges.
L’aitec apporte un contenu et une méthode à la construction de débats, de problématiques, de controverses. Par ailleurs la formation est une nouvelle forme de construction du réseau de l’Aitec.



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