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La spéculation immobilière à Barcelone - Espagne - Myriam Launay

Publié par , le 17 octobre 2007.





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Comme toutes les grandes villes européennes, Barcelone a subi ces dernières années un processus de gentrification. Mais ici, l’éviction des populations pauvres a été renforcée par de scandaleuses pratiques mafieuses

La capitale catalane s’est converti ces dernières années en un immense centre de loisirs et de tourisme. Depuis les années 80, l’ensemble des réformes urbaines a été mené en ce sens. Les Jeux Olympiques de 1992 ont donné l’impulsion. L’événement s’est accompagné de l’urbanisation du littoral, de la construction de grandes voies et surtout d’un remodelage total du centre ville. Ces transformations se sont faites au détriment de la construction de logements sociaux ou de réelles améliorations des conditions de vie des habitants des quartiers. Dans le Raval, « Le quartier populaire » de Barcelone, l’administration publique a rasé des blocs entiers d’immeubles pour construire Le Centre de Culture Contemporaine et le Musée d’Art Contemporain, deux espaces emblématiques de « la nouvelle Barcelone postmoderne ». Pendant ce temps, une nouvelle législation sur l’habitat permettait aux promoteurs privés de vider les logements des zones adjacentes pour les vendre aux nouvelles classes moyennes. Expulsés, les anciens habitants de ces quartiers ont disparu de la carte.

Depuis lors, le phénomène s’est étendu à l’ensemble du centre historique de la ville et s’accompagne des pires excès. En plus des fraudes et des manipulations de tout genre, les pressions psychologiques pour que les habitants quittent les lieux sont fréquentes. Les exemples sont nombreux. Parfois, les architectes et les techniciens au service de l’institution effectuent un maquillage économique et technique en déclarant « l’état de ruine physique ou économique » d’un bâtiment ; les institutions embauchent des détectives privés, qui violent littéralement l’intimité des habitants afin de trouver un argument judiciaire (souvent non fondé) à l’expulsion. Est également devenue habituelle cette pratique incroyable d’ « installation de voisins gênants » ! Il s’agit de louer délibérément les appartements à des personnes violentes, toxicomanes, délinquantes ou même à des détenus dans des bâtiments occupés majoritairement par des personnes âgés avec l’intention de les intimider. Des « Sans papiers » sont même quelque fois embauchés pour réaliser ce travail !

Il est difficile d’évaluer l’impact social réel du phénomène. Cela fait à peine deux ans que ces pratiques sont reconnues et dénoncées, notamment par les médias. Aujourd’hui encore les dimensions sociales, légales et éthiques de la question sont évacuées...

Myriam Launay
25 juillet 2005