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Dans les rues de Rome, manifestation nationale contre les expulsions abusives - Italie - Karine Seney

Publié par , le 17 octobre 2007.

10 000 personnes ont manifesté samedi 31 octobre 2005 à Rome contre les expulsions abusives et la spéculation immobilière. Le cortège a défilé à travers les rues du pouvoir financier, dénonçant la gravité des problèmes de logement en Italie.





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Aucun manifestant n’avait vécu de si grande lutte pour “la casa” depuis des années. Dans cette capitale aux taux d’expulsions records et aux loyers inabordables, la spéculation immobilière ne cesse de faire des victimes.

C’est précisément pour ces raisons que d’anciens militants mais aussi des étudiants, italiens ou immigrés se sont mobilisés pour le droit au logement, avec des mouvements de lutte contre la précarité.

Parmi eux, Action ouvrait le cortège “Stop alle speculazioni edilizie e ai suoi complici”. Suivait immédiatement le “Reddito e case per tutti” du Coordinamento cittadino di lotta per la casa accompagné des responsables de Firenze et Palermo. D’autres associations de locataires et de sans-logis étaient présentes, dont Unione Inquilini qui s’occupe des politiques de logement sur le territoire national.

Face aux expulsions, les réquisitions

Mais la “star du cortège des sans-logis” était Sandro Medici, président du 10ème arrondissement de Rome. Pour faire face à l’urgence des problèmes de logement dans le quartier Cinecittà, il a mis en place la réquisition et l’affectation immédiates, pour le temps nécessaire, des logements vides et inutilisés, en faveur des familles en situation précaire.

Le problème du logement à Rome a dépassé le stade de l’urgence. Un récent rapport sur le malaise social romain, rendu public le 11 octobre 2005, montre que 300 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, à Rome, avec moins de 800 euros par mois. Parmi elles, 6 000 personnes dorment dans les rues de Rome et 3 000 dans les divers centres d’accueil communaux ou associatifs.

Retraités, étudiants, immigrés, classes moyennes…même combat !

Les retraités sont les premiers touchés par le phénomène : leurs immeubles récemment vendus à des entreprises immobilières privées, et leur logement directement mis à la vente. Ils sont nombreux à avoir reçu des propositions d’acquisition ou des augmentations de loyer exorbitantes. « L’immeuble où j’habitais a été vendu à un privé, qui m’a aussitôt envoyé une lettre pour me proposer l’acquisition de l’habitation où je vis depuis 40 ans, pour la modique somme de 210 000 euros. Mais comment je fais avec une pension de 700 euros ? » raconte une vieille femme venue manifester. Comme elle ne dispose pas d’un revenu suffisant pour acheter son logement, et qu’aucune banque n’autorise de prêt à cette femme âgée de plus de 70 ans, elle devra quitter les lieux d’ici le mois de décembre.

“La question du logement doit entrer dans l’agenda politique national et pas seulement local”

Etaient également présents hier les étudiants, qui dépensent jusqu’à 500 euros par mois afin de louer un lit dans une chambre commune et aussi des familles à revenu moyen, en situation précaire, après une augmentation de 150% de leur loyer. Les travailleurs immigrés sont eux expulsés des occupations autogérées et se voient contraints de vivre dans la rue, sous les ponts, le long du fleuve Tevere. La spéculation immobilière contribue à appauvrir toutes les couches sociales de la population romaine. Même le Vatican, propriétaire de biens immobiliers “augmente ses loyers et expulse les anciens locataires” rapporte le Manifeste du cortège des sans-logis.

10 000 personnes ont crié leur mécontentement et réclamé un plan national anti-expulsions. “La question du logement doit entrer dans l’agenda politique national et pas seulement local” explique Massimo Pasquini, responsable d’Unione Inquilini de Roma et de la région Lazio. Il avance une proposition pour répondre à l’urgence à court terme : “Nous voulons demander au Vatican de mettre à disposition des expulsés, les édifices utilisés durant le Jubilé, pour 50 euros par mois. Ceci serait un acte de charité !”.

Karine Seney, octobre 2005