AITEC
Bouton menu

Le malheureux destin d’un projet alternatif élaboré par des habitants barcelonais - Espagne - Elisa Chandeze

Publié par , le 17 octobre 2007.

Lutter contre un projet de la municipalité barcelonaise tout en proposant des alternatives, tel était l’objectif des habitants du quartier de Santa Caterina. Jardin auto-géré, résidence pour personnes âgées…malgré l’élaboration de plusieurs contre-projets, les habitants n’ont pas été entendus.





Partager :

bouton facebook bouton twitter Bouton imprimer

Demain 8 avril, une femme et ses trois enfants se retrouveront à la rue si la municipalité continue de se désintéresser de leur cas.
Tout commence en 2001 avec les premières démolitions dans le quartier de Santa Caterina, dans le centre historique de Barcelone. La société promotrice PROCIVESA, mandatée par la municipalité, convoite plusieurs îlots du quartier. En lieu et place des immeubles "reliques" qui défient le temps tant bien que mal, elle souhaite construire un immense parking ainsi qu’un minuscule gymnase couvert pour faire bonne figure.

Un jardin plutôt qu’un parking

Les habitants du quartier protestent et s’approprient le terrain ainsi vidé de nombre de ses immeubles en plantant un petit sapin en son centre (geste symbolique pour les fêtes de noël) et en organisant une grande fête à laquelle sont conviés tous les enfants du quartier ainsi que leurs parents et voisins. En juillet 2002, les habitants présentent un contre-projet de jardin autogéré pour ce lieu désormais baptisé et connu sous le nom de "Forat de la Vergonya" ( "le trou de la honte"). En novembre les voisins organisent la plantation d’arbres et de plantes pour appuyer leurs revendications.

Les premiers heurts violents avec l’entreprise promotrice et les forces de l’ordre ne se font pas attendre : les plants sont arrachés mais les habitant, tenaces, recommencent à planter le lendemain. De nombreuses associations des quartiers voisins, réunies au sein d’une plate-forme contre la spéculation, prennent également part à la lutte. Les plants sont à nouveau arrachés et un mur est construit tout autour du terrain et surveillé par la police 24 heures sur 24 afin d’empêcher toute intrusion dans le périmètre du terrain vague. En décembre, la découverte de ruines archéologiques sur le site oblige les deux parties à conclure une trêve temporaire.
Après de longs mois de conflits, à l’automne 2003, la municipalité s’engage enfin à reprendre le dialogue et à reconsidérer le projet de parking.

Une victoire des habitants ?

En 2004, les démolitions, un temps interrompues, reprennent de plus belle dans le quartier. Les habitants revendiquent la conservation d’un des derniers immeubles encore restant pour le réhabiliter en résidence publique pour les personnes âgées – nombreuses – du quartier. Entre-temps, les forces de la plate-forme se sont déjà dispersées, chacun lutte désormais dans son coin, la mobilisation est difficile...

Début 2005, les voisins découvrent par hasard l’existence d’un projet récent avec maquette pour le Forat de la Vergonya, alors que la municipalité s’était auparavant engagée à mettre en place un processus de participation des habitants dans le projet concernant leur quartier. Au cours d’une réunion plénière avec les représentants de la municipalité, les habitants demandent des comptes au gouvernement concernant le non-respect des engagements pris, notamment sur la question de la participation des habitants pour la redéfinition du projet concernant leur quartier. Dénégation de la partie concernée : « le problème vient des propres habitants, incapables de proposer une action participative concrète ».

Echec du processus participatif

Le plus grave reste à venir. les pelleteuses achèveront ce qu’elles ont commencé il y a près de cinq ans. Il reste cependant encore une famille dans le dernier immeuble concerné, qui attend toujours d’être relogée. Ce cas n’est malheureusement pas isolé, il en existe et continuera d’en exister ici et ailleurs, tant qu’un véritable dialogue n’aura pas été institué avec les parties concernées et qu’un processus participatif n’aura pas été mis en place.

Elisa Chandeze, avril 2005