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Associations et pouvoirs locaux en lutte contre l’exclusion urbaine. Mission en France -janvier 2008

Publié par , le 1er avril 2008.





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La plate forme urbaine d’échange d’expériences franco-brésilienne pour le droit à l’habitat.

Mission en France du 12 au 20 janvier 2008

Depuis maintenant quatre années, l’Aitec anime la plate forme urbaine d’échange d’expériences franco-brésilienne pour le droit à l’habitat.
Les échanges sont axés sur les problématiques suivantes :

 La lutte contre l’exclusion urbaine et pour le droit à la ville : politiques publiques et liaisons avec les initiatives citoyennes. Les modes opératoires pour la conduite d’une action globale articulant l’urbain et le social.
 La relation entre mouvement social et acteurs politiques/décideurs. La posture des mouvements sociaux, leur autonomie, leurs relations avec les autorités locales, l’articulation entre les logiques de projet et de programme,
 La relation entre villes périphériques, quartiers populaires et le maintien d’un habitat populaire en centre ville.

Nous avons accueilli du lundi 14 janvier au samedi 19 janvier 2008 une délégation brésilienne des mouvements de lutte contre le mal logement. Nous avons organisé, en partenariat avec le Pact Métropole Nord et la ville de Nanterre, une série de visites et d’échanges autour des luttes contre l’exclusion urbaine (rénovation urbaine, expulsion des familles précaires, pour la sécurisation foncière, ateliers populaires d’urbanisme...) portées par les associations et par les pouvoirs locaux, à Paris, Nanterre et Lille.

Cette plate-forme a permis de nouer ou de renforcer d’étroits partenariats entre AITEC, DAL, AMVPN, PACT MN côté français et avec POLIS, le MNLM, l’UNMP, la CONAM et la CMP, côté brésilien.
Cette mission a été l’occasion, en France, de rencontrer et d’ouvrir de nouvelles perspectives de travail avec ATD Quart Monde, la coordination anti démolition, Paroles d’Habitants, le DAL NPDC, les ateliers populaires d’urbanisme.

A ce propos, l’Aitec est investie sur un programme d’échange européen. Un volontaire Aitec est actuellement en mission à Berlin, dans une association de locataires (BMG). Un groupe d’étudiants et de militants de Lille (dont l’APU Lille Moulins) sera accueilli par Lucie Lechevalier (volontaire Aitec) à la BMG. D’autres liaisons se sont établies entre collectifs d’habitants soumis aux opérations de rénovation urbaine.
En complément du bilan et perspectives dressé par les partenaires lillois, voici un retour sur les visites organisées en région parisienne.
Nous avons consacré les deux premières journées à des visites et des échanges à Paris (Ministère de la crise du logement) et à Nanterre (première couronne).

Ont participé à ces deux journées d’échanges :

 Des associations de revendication et de défense des droits : Le Ministère de la crise du logement, Les Jeudis noirs, No Vox, le DAL, la coordination anti démolition.

 Des associations de gestion de proximité : l’Association Mieux Vivre au Petit Nanterre.

 Des habitants, familles mal logées

 Des services des collectivités locales et organismes attachés : le service ’Relations et Coopération avec le monde’ et le service ‘Urbanisme’ de la Mairie de Nanterre, l’Etablissement public d’aménagement Seine-Arche (EPASA).

Les discussions au Ministère de la crise du logement ont permis de remettre dans le contexte les luttes actuelles pour le logement. La situation des mouvements, dans un contexte de répression et de crise du logement, est tendue. Le Ministère de la crise du logement est un lieu de convergence au cœur de paris où sont débattues un certain nombre de questions (Rénovation urbaine et démolition, l’impact de la crise du logement sur les jeunes, logement social et circuits de financement…) et où sont initiées luttes et campagnes (la campagne contre la réforme du livret A, la lutte pour le relogement des familles de la rue de la Banque…)

Cette première matinée a permis de donner aux brésiliens des clés pour comprendre le contexte dans lequel oeuvrent les associations de lutte contre l’exclusion urbaine.

L’Aitec a élaboré un dossier synthétique sur les dispositifs d’accès au logement, politiques publiques et droits dont une partie devrait être traduite. Les missions devraient, à l’avenir, être préparées par les participants afin que nous n’ayons pas besoin de revenir sur les éléments de compréhension du contexte.

La journée et demi suivant a été consacrée à la compréhension des enjeux (et système d’acteurs) d’un projet de "réamagement urbain" visant à rééquilibrer les territoires entre Nanterre et La Défense. A travers la parole du chef de projet urbain de l’ l’Etablissement public d’aménagement Seine-Arche (EPASA), nous en avons cerné les enjeux techniques et politiques. Deux questions traversent la plupart des projets de renouvellement urbain : la concertation et donc le travail en partenariat avec les habitants ou associations de quartier/ le relogement des familles et l’impact social de ces projets.

L’intérêt de ces échanges réside dans la clarification que cela exige, côté français, sur les termes et enjeux liés aux projets et aux programmations urbaines. Un axe de discussion porte sur l’arsenal juridique potentiellement contraignant pour les pouvoirs publics et les acteurs privés et donc sur les dispositifs de mise en œuvre. Ce travail en plate-forme nous permet également de renforcer le travail en réseau côté français.

Le prochain forum social mondial se tiendra à Belém, au Brésil. C’est certainement un rendez vous militant pour les associations engagées dans cette plate-forme.


Plateforme Franco-Brésilienne Bilan & enseignements des journées d’échanges à Lille les 16, 17 et 18 Janvier 2008

Rappel des problématiques que les partenaires de la plateforme souhaitaient explorer :

 La question des modes opératoires pour la conduite d’une action globale articulant l’urbain et le social,

 Les questions sur la posture des mouvements sociaux, leurs autonomies, leurs relations avec les autorités locales, l’articulation entre les logiques de projet et de programme,

 Les questions des villes ou quartiers populaires situés en périphérie et du maintien d’un habitat populaire en centre ville.

Le programme d’échange sur l’agglomération Lilloise avait été conçu avec la volonté d’illustrer ces problématiques par la visite d’actions représentatives conduites par une diversité d’associations.

En plus des membres de la plate forme urbaine, plus de 150 personnes ont participé aux trois journées sur la métropole Lilloise :

 des habitants des actions visitées,

 des associations et comités d’habitants : Paroles d’Habitants, Lys Animation, association des jardins familiaux de la Cité Saint Maurice, les Dynamiques Retraités, les Citoyennes, les Amis de la Cité Jardin de Seclin,

 des associations de revendication et défenses : DAL Nord Pas de Calais, APU Moulins, APU Vieux Lille, AC, Jeudi Noir,

 des associations caritatives : Capharnaüm, Aide à Toutes Détresses,
 des associations de gestion et d’action sociale : AREAS Gens du voyage, OSLO, PACT Métropole Nord,

 des Elus : Ville de Lille, Ville d’Ostricourt, Ville de Seclin,

 des collectivités locales : Conseil Régional, service Habitat de la Ville de Lille, UTPAS.

Les échanges ont porté sur la connaissance des contextes, sur l’implication des habitants, sur les solutions développées, sur les stratégies mises en œuvre, sur les aspect juridiques et législatifs, sur les modes de financements, sur les coopérations et les jeux d’acteurs permettant de conduire une action globale, sur les relations et coopérations institutionnelles…

Le groupe moteur des associations Lilloises souligne que le travail de préparation collective, la mobilisation lors de l’accueil, et le fait de développer un projet ensemble a permis une bien meilleure connaissance et une reconnaissance des rôles respectifs. Cet impact aurait été bien plus fort si toutes les associations avaient pris part au processus de préparation, mais il y a toujours des problèmes de disponibilité, d’intérêt, voire de méfiance qui freinent les engagements collectifs.

La mobilisation pour le développement du programme d’échange s’est en fait appuyée sur trois cercles d’associations :

 Un premier cercle assez restreint, composé des pilotes de la plateforme Franco-Brésilienne (coté Français : AITEC, DAL, AMVPN, PACT MN, coté Brésilien : POLIS, MNLM, UNMP, CONAM, CMP).

 Un second cercle composé du groupe moteur des associations locales travaillant sur le programme de visite en région Parisienne (AITEC, AMVPN, DAL) et à Lille (ATD, Paroles d’Habitants, DAL NPDC, Capharnaüm, PACT MN)

 Un troisième cercle composé de toutes les associations et comité qui ont participé à l’accueil.

Pour les Associations et Comités d’Habitants, les échanges leurs ont permis de valoriser leurs actions, de la partager tant au niveau des Mouvements Brésiliens, qu’avec les associations Lilloises, et de recevoir en retour toute la reconnaissance du travail accompli. Ils ont stimulé, et renforcé la détermination des Habitants dans la conduite de leurs projets. Ces dernier ont par ailleurs profité de cet événement pour faire valoir leurs actions dans la presse locale, c’est ainsi qu’il y a eu un article avec le DAL NPDC sur l’échange à Ostricourt, un article sur l’échange avec Paroles d’Habitants sur le quartier des Bois Blancs, un article avec les Amis de Cité Jardin de Seclin.
Des contacts se sont noués, des adresses se sont échangées avec l’intention de rester en lien.

Les visites se sont appuyées sur trois rencontres avec des Elus, Madame Marie Christine Staniec Wavrant à Lille, Madame Martine Croix à Seclin, et Monsieur Anselin à Ostricourt. Ces échanges ont permis mieux cerner les contextes locaux, de comprendre les enjeux, et de révéler des postures politiques différentes :

 La posture de la Ville de Lille, Ville centre, engagée dans le renouvellement urbain, qui affirme l’obligation de pratiquer la démolition reconstruction dans le cadre de l’ANRU pour pouvoir avoir accès au financement du logement social.

 La posture de la Ville de Seclin, Ville de périphérie, qui démontre qu’il est possible de préserver l’habitat social existant avec la réhabilitation des 600 logements de la Mouchonnière et les 73 logements de la Cité Jardin.

 La posture de la Ville d’Ostricourt, Ville sinistrée du bassin minier, qui est révoltée par le désintérêt de l’Etat qui abandonne une région après en avoir ponctionné toutes les richesses.

Les partenaires Brésiliens se sont montrés très intéressés par les modes de gouvernances, les dispositifs de concertation et de participation mis en œuvre dans le développement de nos projets. Réciproquement ils nous ont exposé leurs pratiques respectives. La démarche d’Insertion Globale par le Logement et l’Emploi (IGLOO), le processus participatif engagé pour la réhabilitation de la Cité Jardin de Seclin, et les réunions de familles du DAL les ont particulièrement intéressé.

La connaissance des dispositifs juridiques et législatifs a aussi fait l’objet de nombreux échanges, notamment avec les Ateliers Populaires d’Urbanisme sur les questions et les pratiques en matière d’intervention sur les fonciers abandonnés (réquisition, régularisation…).
Ils nous ont exprimé un regret, car ils auraient aimé visiter plus concrètement des maisons, et les aménagements réalisés.

Si c’était à refaire :

 préparer des fiches de présentation / comparaison des caractéristiques géographiques, socio-économiques, et des fonctionnements institutionnels du Brésil et de la France,
 assurer la traduction en Brésilien du dossier d’accueil,
 veiller à moins charger le programme.