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La gouvernance des grandes métropoles

Publié par , le 20 juin 2008.





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Dans le cadre d’un projet de recherche mené conjointement par l’Université de Montréal, l’Université York de Toronto et l’Institut National de la Recherche Scientifique canadien, un échange a eu lieu entre le groupe de travail Grand Paris et l’équipe de chercheurs sur le thème de la gouvernance métropolitaine.

Roger Keil et Stefan Kipfer (professeurs à la York University de Toronto), Pierre Hamel (professeur à l’Université de Montréal) et Julie-Anne Boudreau (professeur à l’INRS-UCS à Montréal), développer une "Comparaison transatlantique de la gouvernance métropolitaine : Toronto, Montréal, Paris et Francfort."

En pièce jointes (plus bas après le texte), quelques-uns de leurs travaux :

– La réconciliation de la démocratie locale et de la compétitivité internationale dans le discours réformiste à Toronto : Essai d’interprétation sur le néolibéralisme normalisé. Par Julie-Anne Boudreau et Roger Keil

– Comparing metropolitan governance : The cases of Montreal and Toronto. Par Julie-Anne Boudreau, Pierre Hamel, Bernard Jouve, Roger Keil

– Le développement local dans un contexte métropolitain. la démocratie en quête d’un nouveau modèle ? Par Jean-Marc Fontan, Pierre Hamel, Richard Morin, Eric Shragge


Atelier Grand Paris, session n°4

Gouvernance des grandes métropoles


7 juillet 2008

Avec la participation Stefan Kipfer (professeurs à la York University de Toronto) et Julie-Anne Boudreau (professeur à l’INRS-UCS à Montréal)

Une équipe de chercheurs réalise une comparaison transatlantique sur les discours et l’imagination politique de 4 grandes régions métropolitaines. Quelles sont les constellations d’institutions majeures actuelles et historiques, dans les 4 grandes villes étudiées (Toronto, Montréal, Paris, Frankfurt) ? Avec deux secteurs d’étude : le logement et les transports.

Il s’agit de dessiner le portrait des rapports de force qui s’établissent à l’intérieur de ces régions métropolitaines.
La région est construite par les acteurs, elle ne se donne pas en soi, elle est le produit d’un engagement politique.
Ces 4 régions font face à un développement économique et démographique important : comment les divers acteurs (élus, fonctionnaires, militants) définissent-ils les enjeux liés à cette croissance ? Quel type de solutions mettent-ils en avant ?
Le choix des secteurs du Transport/logement s’est imposé, c’est la façon dont se focalisent les débats. Quelles sont les échelles pertinentes pour élaborer les réponses ?

Montréal/Toronto, deux villes aux cultures très différentes, dans leur rapport à l’Etat et à l’autorité politique :

– Montréal (3.5 millions d’habitants, environ la moitié du Québec) fait face à deux logiques : mise en place d’une CMM (communauté municipale de Montréal créée en 2002) et décentralisation (notamment au niveau des arrondissements).
La CMM est une coquille vide malgré des budgets et des compétences. Elle ne fonctionne pas sur le plan de la coopération métropolitaine.
Les acteurs associatifs agissent au niveau de l’arrondissement : la CMM n’est pas une échelle qu’ils se sont appropriée.
Il n’y a pas d’élection directe en ce qui concerne la formalisation de la CMM.

– A Toronto (5 à 8 millions d’habitants selon les méthodes de calcul), il y a davantage de mobilisations associatives à cette échelle.
L’échelle métropolitaine est-elle une échelle technique ou politique ?
Que produit la construction d’une échelle métropolitaine ? En termes de redistribution, d’économie(s)…

Les transports constituent un enjeu majeur face à l’étalement urbain, à la dépendance automobile. Le seul réseau de transport collectif se situe dans la municipalité stricto sensu de Toronto. Dans les nouvelles banlieues où les systèmes de transports sont de longue distance, ce sont de petits réseaux municipaux.
Comment organiser une nouvelle institution régionale ? Cristallisation des débats entre les militants du transport collectif du centre ville et les promoteurs de la Nouvelle Banlieue. Pour les premiers, la question se pose : veut on faire de la subvention à l’étalement urbain ou de la densification ?

Au niveau du Logement, la majorité du logement social se trouve à l’échelle municipale : l’ensemble du logement social se situe dans les communes centrales. Hors de ce périmètre, on est dans du logement privé ; les pavillons entre autres.
A Montréal, plus aucune construction n’est entièrement subventionnée : on est face à des modèles hybrides. Le modèle des coopératives, quant à lui, est fragile.
+ de 80% de locataires. Au Québec, on exerce encore le contrôle des loyers. La priorité est donnée à l’accès à la propriété (plus qu’au logement social et aux formes alternatives de logement).

Points abordés durant la discussion :

Approche par la gouvernance interpelle à trois niveaux :
– Un problème d’aménagement : comment fait-on fonctionner une agglomération ? en fonction de quel modèle ? Quel type d’urbanisme promeut-on ? financement des services, péréquations…
– Une question de démocratie : Quelle participation des habitants à la fabrication de la ville ? Quelles valeurs met-on en avant ? Comment répond-on aux questions d’insécurité dans la ville ? Insécurité/citoyenneté ancrées sur les quartiers.
– La place de la ville dans le système-monde : Qu’est ce que ça signifie organiser une ville-monde ? Qui finance l’équipement urbain mondial ?

La différence entre mégapole et métropole : Ville empire ou ville Etat.
Il y a des villes qui organisent leur espace en rompant avec leur hinterland et en choisissant de se mettre en lien direct avec la mondialisation. On voit se construire une armature urbaine internationale qui abandonne le poids des territoires.
De nouvelles règles du jeu dans la division mondiale du rayonnement international s’organisent (cf les 27 mégapoles).
Les mégapoles, réservoirs de contradictions criantes, s’insèrent dans une logique globale. Il faut qu’on parvienne à croiser ces analyses avec celles qui sont faites par les acteurs en lutte contre les démolitions.

La démarche du FALP est, à cet égard, intéressante. Le réseau des villes de banlieue du monde se posait la question de la banlieue dans son rapport aux villes centres, il se pose aujourd’hui la question des « métropoles solidaires ». Le seul réseau qui a pris cette entrée urbaine/solidarité.

Le Grand Paris, une stratégie pour faire de Paris une ville monde ?

Il y a une distorsion entre les élus parisiens qui ont une vision rabougrie de la ville, qui manque de souffle et de questionnements du type : Situer Paris dans le Monde, comment situer Paris dans les grandes villes de ce monde ? Où arrête-t-on les métropoles ? Comment passe-t-on d’une métropole à une mégapole ? (Effet taille joint à la place dans l’économie du monde). Comment faire en sorte que ce ne soit pas le marché mondial des capitaux qui dicte la stratégie à adopter…
Réfléchir aux fonctions mondiales d’une ville mondiale. Cf Hubert Vedrine, dans son rapport : « Il faut faire de Roissy la vitrine de la France » !!
La région Ile de France est une institution mère sur le plan de son rayonnement et de ses compétences. Il y a des velléités de la part de la RIDF mais pas de stratégie d’ensemble
Delanöé a quand à lui une vision internationale de Paris (président de la CGLU), de l’action internationale de sa ville.

Regarder de plus près le processus des intercommunalités. On a une tendance « Small is beautiful » qui ne nous arme pas sur les questions citées plus haut. Comment peut on parler de démocratie à des échelles qui ne soient pas celles du quartier ? L’idéologie de la proximité, c’est aussi prendre les citoyens pour des idiots. La démocratie ne se fait pas dans les comités de quartier pour parler du voisin ou de l’aménagement de la placette, pour être vivant, elle doit être connectée aux questions globales, macro, dont celles de mondialisation !

Les questions « environnement » et « migrations » sont deux questions fondamentales qui viennent heurter les villes, auxquelles on ne peut pas se soustraire.

Documents à télécharger

  La réconciliation de la démocratie locale et de la compétitivité internationale dans le discours réformiste à Toronto : Essai d’interprétation sur le néolibéralisme normalisé   Comparing metropolitan governance : The cases of Montreal and Toronto   Le développement local dans un contexte métropolitain. la démocratie en quête d’un nouveau modèle ?