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Surendetter l’Afrique n’est pas une solution pour sauver l’économie espagnole, communiqué de la campagne "Quien debe a Quien ?", février 2009

Publié par , le 5 mars 2009.





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www.quiendebeaquien.org (collectif espagnol - Campaña por la Abolición de la Deuda Externa)

La campagne "Qui doit à qui ?" veut exprimer son plus profond refus face au nouveau plan du gouvernement central qui prétend destiner 100 millions d’euros, à travers le Fonds d’Aide au Développement (FAD, Fondo de Ayuda al Desarrollo), pour le financement de projets favorisant l’exportation d’infrastructures en Afrique.

Ce plan visant à stimuler l’internationalisation des entreprises espagnoles va accroître la dette des pays récepteurs. En effet, les crédits FAD constituent l’un des instruments les plus générateurs de dette extérieur des PED envers l’État Espagnol. Ces crédits sont des crédits concessionnels, c’est-à-dire bénéficiant de conditions meilleures que celles du marché. Néanmoins, l’Etat récepteur se voit contraint d’acheter les produits ou services à des entreprises espagnoles. L’État s’endette donc mais sans pouvoir disposer de la liberté de passer de contrats plus favorables notamment avec des entreprises de son propre pays pour la réalisation des projets.

Avec ce type de prêts non seulement le pays s’endette, détournant ainsi une grande partie du budget du gouvernement pour le remboursement de la dette (jusqu’à 30% dans certains pays), et ce au détriment de la satisfaction des besoins essentiels de la population, mais en plus les capacités locales pour développer un tissu industriel nationale sont détruites. Il est évident que si ce sont des entreprises espagnoles qui réalisent les travaux financés par ces crédits, la plus grande partie de bénéfices retombent sur l’économie espagnole et non sur celle des pays appauvris. Si la finalité de cette "aide" est le développement des populations appauvries, les prêts bilatéraux liés ne constituent pas une solution adéquate.

Le gouvernement justifie cette mesure par le besoin de diversifier et accroître la croissance de l’activité exportatrice espagnole, d’améliorer l’image et la position du pays sur les marchés internationaux et faire du secteur "un avant-garde dans la lutte contre la crise", ce qui nous semble totalement injustifié s’agissant d’un mécanisme comptabilisé comme Aide Publique au Développement. Par ailleurs, nous ne pensons pas que l’endettement des pays africains soit une solution pour nous sortir d’une crise dans laquelle l’Afrique est elle-même immergée.

En outre, la campagne "Qui doit à qui ?" veut dénoncer la volonté du gouvernement espagnol de rendre plus flexibles les assurances pour le compte de l’État gérées par la Compagnie d’Assurance du Crédit à l’Export (CESCE en espagnol), alors qu’elles constituent le second mécanisme de génération de dette dans les pays appauvris.

La campagne considère qu’au lieu de continuer à promouvoir ces instruments générateurs de dette, le gouvernement central devrait s’attacher à réaliser de façon immédiate (ayant à ce jour plus d’un an de retard) la réforme légale des FAD et CESCE, comme le prévoit la Loi 38/2006 du 7 de décembre, régulatrice de la Gestion de la Dette Extérieur dans ses dispositions transitoires, la première et la troisième, respectivement.

Nous exigeons d’une part, que dans ces réformes légales, les droits humains, économiques, sociaux, culturels et écologiques des populations réceptrices de ces fonds soient considérés prioritaires face aux intérêts commerciaux espagnols. D’autre part, que les instruments de crédits, tels que les crédits FAD, ne soient plus utilisés comme Aide Publique au Développement. De plus, nous demandons que ces Lois impliquent que le niveau légal de responsabilité des entreprises réceptrices des crédits soit équivalent à celui en vigueur actuellement au sein de l’État espagnol.

Par conséquent, nous exigeons au gouvernement la présentation immédiate d’un projet de réforme de l’ensemble FAD-CESCE avant de mettre en oeuvre les plans prévus. Ce projet doit être discuté en profondeur par l’ensemble de la société civile concernée par la justice sociale et le développement intégral et humain des populations des pays appauvris du Sud, qui pendant 30 ans ont subi les conséquences d’instruments si nocifs et inefficaces pour leur développement.